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L ' E
X P L I C A T I O N D E T
E X T E
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Les
instructions officielles pour les nouveaux
programmes de
Seconde et
Première applicables à la rentrée 2019 ont
renoncé à recommander une méthode
particulière d'explication de texte et préféré
laisser celle-ci « au choix du professeur
», lui imposant néanmoins à l'oral
d'évaluer une explication
linéaire. Nous regrettons pour notre part
cette concession à la facilité qui, d'ailleurs,
ne fait qu'enterrer une pratique de plus en plus
erratique de la lecture analytique, devenue chez
beaucoup d'enseignants une sorte de commentaire
composé oral que les élèves n'avaient plus qu'à
apprendre et restituer tant bien que mal. Cette
restitution passive, hélas, tout nous fait
craindre que le nouveau programme l'encourage
davantage encore dans les dérives habituelles
qu'entraînent des œuvres imposées :
prolifération des éditions parascolaires, trafic
de fiches de lecture et de notices Internet,
sotte rivalité entre les classes et les
établissements... Rien de bon n'est à attendre
de ce nouveau programme, tout peut nous faire
redouter un surcroît d'avilissement dans une
épreuve déjà gravement altérée depuis des
dizaines d'années.
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Voir sur Amazon :
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Préconisée pendant plus de vingt ans, la
lecture analytique nous paraît au contraire avoir eu le
souci de donner à l'élève les éléments de méthode capables
de préserver son autonomie devant le texte littéraire en
l'aidant à « construire du sens », de manière souple et
rigoureuse à la fois. La lecture linéaire, à laquelle on
revient aujourd'hui après vingt ans d'efforts pour se
débarrasser de ses dérives, menace au contraire
d'encourager la paraphrase et la restitution passive,
favorisant en outre chez les élèves des dispositions fort
inégales. Pour obvier à ces dangers, la démarche
analytique doit rester déterminante dans la lecture
linéaire qui ne peut se contenter d'avancer à l'aveugle
dans le texte. Par ailleurs, le commentaire littéraire a
besoin dans sa préparation de procédures d'analyse qui
doivent rester majeures dans le travail personnel de
l'élève. Pour ces raisons, nous avons choisi de conserver
une démarche analytique dans l'explication linéaire, qui
aura soin de problématiser la lecture avant
d'avancer progressivement dans le texte.
L'explication de texte a pour but la
construction détaillée de sa signification. Elle constitue
donc un travail d’interprétation. Elle vise à développer
la capacité d’analyses critiques autonomes. Elle peut
s’appliquer à des textes de longueurs variées :
- appliquée à des textes brefs, elle cherche à faire lire
les élèves avec méthode ;
- appliquée à des textes longs, elle permet l’étude de
l’œuvre intégrale.
[...] L’objectif de la lecture analytique est la
construction et la formulation d’une interprétation fondée
: les outils d’analyse sont des moyens d’y parvenir, et
non une fin en soi. La lecture analytique peut être aussi
une lecture comparée de deux ou plusieurs textes ou de
textes et de documents iconographiques, dont elle dégage
les caractéristiques communes, les différences ou les
oppositions.
Au-delà des principes - et des querelles d'écoles -, il
vous suffit peut-être de savoir qu'une lecture analytique
n'est pas autre chose qu'une manière méthodique de lire !
Elle est née du souci de remplacer l'explication linéaire
par une démarche progressive capable de construire « du »
sens. On peut ainsi parler d'une « lecture problématisée
», puisqu'il s'agit de mener à bien, par une série de
questions, un projet de lecture capable de parvenir à une
interprétation. Ce faisceau de questions qui caractérise
la problématique d'une lecture analytique impose un
cheminement rigoureux qui peut se schématiser ainsi :
1.
attentes initiales et reconnaissance du type de discours :
c'est à ce stade que peut se poser votre problématique;
Qu'est-ce qu'une
problématique ?
Devenue l'outil incontournable de
la plupart des exercices, à l'écrit comme à
l'oral, la problématique est la
direction que l'on se propose de suivre dans le
traitement d'un problème. Lancée dès
le départ de la démarche analytique comme un
enjeu ou un projet dont rien n'assure de la
réussite, elle doit néanmoins se donner la
rigueur nécessaire pour tenter d'y parvenir :
les questions que nous poserons
systématiquement au texte sont destinées à la
garantir, de même que les bilans intermédiaires
que nous établirons à chaque étape.
Comment poser une
problématique ?
La première lecture du texte est
déterminante : avant de vous lancer dans son
"explication", il vous faut faire état d'un
enjeu d'analyse. Chaque texte, bien sûr,
méritera le sien, mais on peut compter sur
quelques principes :
un texte se rattache à , voire à un intertexte. Ce peut
être le mouvement culturel dans lequel il
s'inscrit, une forme ou un thème traditionnels.
Vous semble-t-il qu'il en présente les
caractères attendus, ou pensez-vous qu'il
manifeste quelques écarts ? Voici une
problématique.
un texte se rattache à . Selon un principe identique, y
reconnaissez-vous les caractéristiques les plus
fréquentes ? Constatez-vous, là encore, quelques
irrégularités ? Excellente occasion d'aller y
regarder de plus près.
un texte est traversé de plusieurs .
Leur nature, leur variété pourront vous paraître
paradoxales et vous indiquer un terrain
d'analyse fructueux.
Dans l'ensemble, d'ailleurs, une
problématique naîtra de votre étonnement devant
un caractère inattendu présenté par le texte.
Comment formuler
une problématique ?
Vous aurez soin de lui garder son
caractère hypothétique par la tournure
interrogative (un faisceau de questions). A
l'oral, elle sera formulée après votre lecture
du texte; à l'écrit, elle constituera l'élément
central de votre introduction.
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2.
observation systématique du texte guidée par les entrées
qui sont propres à son type de discours et que vous
trouverez rassemblées dans un ;
3.
construction progressive d'une signification dont vous
aurez à faire état dans une synthèse finale mettant en
valeur l'originalité du texte.
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I
Identifier le type de discours
La
Mort et le Bûcheron
(Jean de La Fontaine, Fables, I,
XVI)
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5
10
15
20
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Un
pauvre Bûcheron, tout couvert de ramée,
Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
Gémissant et courbé, marchait à pas pesants,
Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée.
Enfin,
n'en pouvant plus d'effort et de douleur,
Il met bas son fagot, il songe à son
malheur.
Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au
monde ?
En est-il un plus pauvre en la machine ronde
?
Point de pain quelquefois, et jamais de
repos :
Sa femme, ses enfants, les soldats, les
impôts,
Le
créancier et la corvée
Lui font d'un malheureux la peinture
achevée.
Il appelle la Mort. Elle vient sans tarder,
Lui
demande ce qu'il faut faire.
«
C'est, dit-il, afin de m'aider
A recharger ce bois; tu ne tarderas guère.»
Le
trépas vient tout guérir;
Mais
ne bougeons d'où nous sommes :
Plutôt
souffrir que mourir,
C'est
la devise des hommes.
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Objectif 1 : Nature du
texte.
Identifiez les
formes principales en justifiant les couleurs
attribuées. Énumérez les éléments qui caractérisent
chaque type de discours (reportez-vous au ):
- éléments
de type
descriptif
- éléments de
type narratif
- éléments
de
type argumentatif.
A l'issue de vos réponses, précisez ce qu'est une fable.
Objectif 2 : Analyse
du récit : les temps - le discours rapporté.
Précisez
les principaux temps du récit. Précisez celui du
discours argumentatif. Utilisez vos observations pour
enrichir votre définition de la fable.
Repérez dans le texte
les trois formes de discours rapporté. Précisez, dans un
tableau de ce type, les indices qui vous ont permis de
les identifier :
DISCOURS RAPPORTÉ
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EXEMPLES
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PRONOMS
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TEMPS
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EFFET OBTENU
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Direct |
vers 15-16 |
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Indirect |
vers 14 |
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Indirect libre |
vers 7- 12 |
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A l'issue de vos réponses, vous pourrez vous demander en
quoi l'inégalité de ces discours (longueur du monologue
intérieur, rapidité du dialogue final) sert l'intention
morale du poète.
Objectif 3 : Les
formes poétiques.
(reportez-vous
au ).
Vous
venez d'étudier méthodiquement dans le texte les
formes du récit. Synthétisant vos observations, vous
devez pouvoir mieux définir le genre de la fable,
texte évidemment poétique, et souligner dans
celle-ci l'art de la mise en scène en constatant
l'emploi de différents types de vers :
- examinez les
vers les plus courts (c'est toujours l'écart le
plus notable qui est le plus signifiant) et tentez
de justifier leur choix au moment où il sont
employés
- concentrez
votre attention sur les vers 9-12 et étudiez les
procédés par lesquels le poète suggère la
lassitude morale et physique du Bûcheron.
Bilan : relisez vos bilans
intermédiaires. Vous pouvez dès à présent constater
que vos observations les plus récurrentes vous
orientent vers la spécificité de la fable : art
du récit et intention morale. Ces deux points
pourraient constituer deux axes de votre projet de
lecture et organiser un éventuel commentaire
composé.
L'étymologie latine du verbe lire nous le confirme :
lire (legere), c'est choisir. Choisir d'abord,
dans la multiplicité des textes offerts à nos regards,
les clefs qui permettent d'y entrer. Pour cela, la
notion de est certes commode en subordonnant le
classement à l'intention de communication. Pourtant, la
diversité des messages risque parfois de ne pas se
retrouver dans une typologie forcément sommaire et
simplificatrice. Il faut souvent regarder d'un peu plus
près les éléments constitutifs d'une situation de
communication. Représentée ainsi, selon le modèle
proposé par le linguiste Roman Jakobson,
l'acte
d'énonciation choisit toujours les accents que le
message mettra particulièrement en valeur : ainsi l'émetteur
peut valoriser sa présence ou privilégier le
référent (ce dont on parle), le code
même (la langue) qu'il emploie, voire le message
lui-même (par exemple sa plastique). Il peut choisir de
mobiliser le récepteur
ou rester toujours soucieux de maintenir le contact
("Allô, Hé
bien, Voyez-vous" ne sont que des outils
sans valeur propre et destinés à cet usage). Selon la
place qu'occupe tel élément dans le message, on est
convenu de déterminer telle fonction du langage, que
le tableau ci-dessous vous rappelle rapidement :
Lorsque
le message met en valeur...
(mot en rouge)
|
la
fonction
est dite... |
Exemples |
Référent
Émetteur
Message
Récepteur
Code
Contact
|
expressive
: vocabulaire du jugement et du sentiment,
pronoms de la première personne.
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Ô
rage! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie!
N'ai-je donc tant vécu que pour cette
infamie?
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Référent
Émetteur
Message Récepteur
Code
Contact
|
impressive
(ou conative) :
injonctions, pronoms de la deuxième personne.
|
Prends
un siège, Cinna.
|
Référent
Émetteur
Message
Récepteur
Code
Contact
|
référentielle
: données
objectives (chiffres et dates), absence
d'indices de jugement.
|
Après
la
défaite de Leipzig (octobre 1813),
l'Empereur ne peut arrêter l'invasion du
pays ni l'entrée des Alliés à Paris (mars
1814).
|
Référent
Émetteur
Message
Récepteur
Code
Contact
|
poétique
: jeux de mots, jeux sur les sonorités, jeux
sur le graphisme du message.
|
H,
l'homonyme de la « hache », et dont l'aspect
est d'une guillotine.
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Référent
Émetteur
Message
Récepteur
Code
Contact
|
métalinguistique
: le texte éclaircit le fonctionnement de la
langue (définitions...).
|
Démocratie
: n.f. Système politique dans lequel la
souveraineté émane du peuple.
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Référent
Émetteur
Message
Récepteur
Code
Contact
|
phatique
: outils propres à maintenir le contact
(interjections, gallicismes...).
|
Vous
savez,
il y a beaucoup de manières différentes de
mentir, hein ?
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Avant
de vous laisser vous initier à la lecture analytique,
nous vous proposons un tri de textes dans lequel vous
pourrez, pour chacun d'eux, vous demander quelle est la
fonction du langage dominante (il est bien évident qu'un
texte en met plusieurs à l'œuvre, et parfois toutes !).
Après avoir lu chacun de ces textes
consacrés au thème du pain, remplissez le tableau qui
vous est proposé :
1
La surface du pain est
merveilleuse d'abord à cause de cette
impression quasi panoramique qu'elle donne :
comme si l'on avait à disposition sous la main
les Alpes, le Taurus ou la Cordillère des
Andes.
Ainsi donc une masse amorphe en train
d'éructer fut glissée pour nous dans le four
stellaire, où durcissant elle s'est façonnée
en vallées, crêtes, ondulations, crevasses...
Et tous ces plans dès lors si nettement
articulés, ces dalles minces où la lumière
avec application couche ses feux, - sans un
regard pour la mollesse ignoble sous-jacente.
Ce lâche et froid sous-sol que l'on
nomme la mie a son tissu pareil à celui des
éponges : feuilles ou fleurs y sont comme des
sœurs siamoises soudées par tous les coudes à
la fois. Lorsque le pain rassit ces fleurs
fanent et se rétrécissent : elles se détachent
alors les unes des autres, et la masse en
devient friable...
Mais brisons-la : car le pain doit être dans
notre bouche moins objet de respect que de
consommation.
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2
Quand je repense à mon enfance,
je ne peux manquer d'y associer l'odeur et le
goût du pain. Les villages tout entiers
étaient, à cette époque, organisés autour du
boulanger et comme réglés par lui dans
l'ordonnancement des rites quotidiens. Ah !
délicieux matins d'hiver où nous descendions
encore tout engourdis mais guidés vers la
grande table par la fragrance du pain blond !
Tièdes après-midis d'été où notre mère
récompensait nos expéditions dans la campagne
par de larges tranches toutes dégoulinantes de
confiture ! Et c'est le pain, encore, qui
commande mes souvenirs pour retrouver la
tendre solennité du repas du soir où nous
faisions fondre quelques croûtons dans la
brûlante soupe aux choux.
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3
C'est à Athos que j'ai
découvert le pain grec. Tu sais, chez nous, on
ne réfléchit pas au pain qu'on mange. Le pain
a l'air de se fabriquer comme des allumettes,
c'est devenu une denrée banale et
industrialisée. Eh bien, figure-toi qu'à
Athos, les moines font leur pain une fois par
semaine, dans des fours chauffés au feu de
bois. Eh bien, ce pain, crois-moi si tu veux,
tout noir et dur et qu'il faut manger un peu
mouillé, jamais je n'en ai mangé de
meilleur. Tu sais, lorsqu'on se trouve comme
ces moines, dans des ermitages très retirés,
avec rien d'autre, souvent, qu'un peu d'huile
d'olive et quelques oignons, ce pain est comme
un cadeau de Dieu.
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4
Boulangerie :
transformation de la farine en pain. La farine
est hydratée avec de l’eau salée et de la
levure boulangère, délayée auparavant dans de
l’eau sucrée pour la réactiver. Le pétrissage
consiste à créer un réseau de gluten afin de
former une structure qui retienne le gaz
développé au sein de la masse par la
fermentation. Les pâtons fermentés sont cuits
au four vers 200°C, en présence de vapeur
d’eau. La surface brunit, les gaz font gonfler
la pâte donnant la mie.
Le pain ordinaire a une structure
alvéolée résultant de la production de gaz
carbonique par la fermentation panaire
provoquée par la levure. Il est présenté sous
des aspects et des formats très variés :
baguette, ficelle, bâtard, gros pain,
couronne.... La formule des pains spéciaux
peut éventuellement comporter du sucre, des
matières grasses, de la poudre de lait et
quelques additifs interdits pour le pain
normal. Citons, parmi les pains spéciaux : le
pain viennois, le pain de gruau, le pain de
mie, le pain de seigle, le pain dit de
campagne, le pain bis, le pain complet, le
pain au son.
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5
pain
: n. m. • 1050; pan 980; lat. panis
1. Aliment fait de farine, d'eau, de sel
et de levain, pétri, fermenté et cuit au four
(le pain, du pain); masse déterminée de
cet aliment ayant une forme donnée (un
pain).
2. (Dans des loc.) Symbole de la
nourriture, de la subsistance (le pain).
Du pain et des jeux (Juvénal, Satires,
X, 81). « L'homme ne vit pas seulement
de pain, mais il vit aussi de pain. » (Renan).
Gagner son pain à la sueur de son front.
Ôter, retirer à qqn le pain de la bouche, le
priver de sa subsistance. Ôter à qqn le
goût du pain, le maltraiter, le tuer. Le
pain quotidien : la nourriture de
chaque jour; fig. ce qui est
habituel. C'est pain bénit, c'est bien
fait, bien mérité. Manger son pain blanc
le premier, commencer par le plus
agréable.
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6
Le pain perdu — Coupez
le pain (ou la brioche) rassis en tranches
épaisses. Laissez-les tremper quelques minutes
dans un litre de lait additionné de 10 grammes
de cannelle en poudre et d'un sachet de sucre
vanillé. Battre les œufs, badigeonnez-en
chaque tranche des deux côtés.
Faites fondre 50 grammes de beurre dans
une large poêle, où vous disposerez les
tranches de pain que vous laisserez dorer à
feu moyen.
Saupoudrez de sucre les tranches
tiédies et consommez tout de suite.
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7
J'ai le respect du pain.
Un jour je jetais (sic)
une croûte, mon père est allé la ramasser. Il
ne m'a pas parlé durement, comme il le fait
toujours.
« Mon enfant, m'a-t-il dit, il ne faut
pas jeter le pain; c'est dur à gagner. Nous
n'en avons pas trop pour nous; mais si nous en
avions trop, il faudrait le donner aux
pauvres. Tu en manqueras peut-être un jour, et
tu verras ce qu'il vaut. Rappelle-toi ce que
je te dis là, mon enfant.»
Je ne l'ai jamais oublié.
Cette observation, qui, pour la
première fois peut-être dans ma vie de
jeunesse, me fut faite sans colère, mais avec
dignité, me pénétra jusqu'au fond de l'âme; et
j'ai eu le respect du pain depuis lors.
Les moissons m'ont été sacrées, je n'ai
jamais écrasé une gerbe, pour aller cueillir
un coquelicot ou un bluet; jamais je n'ai tué
sur sa tige la fleur du pain !
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Texte 1 |
Texte 2 |
Texte 3 |
Texte 4 |
Texte 5 |
Texte 6 |
Texte 7 |
Qui parle ? |
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A qui ? |
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De quoi ? |
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Pourquoi ? |
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Type de texte |
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Fonction du langage |
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Quelles
remarques appelle ce tableau une fois rempli ? La notion
de type de texte aurait-elle suffi à rendre compte de la
spécificité de chaque texte ? Pourquoi ?
TESTS |
(CCDMD). |
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Après-dire
:
Discours, fonctions
... Tout cela ne doit pas vous faire oublier
qu'un texte littéraire est d'abord né d'une
émotion et qu'il ne vise à rien d'autre qu'à en
créer une autre. Sachez franchir les pages des
manuels et les murs des écoles avec leurs armes
mêmes : ils vous ménagent des îlots de liberté,
quoi qu'on en dise. Il n'y en a pas beaucoup
d'autres aujourd'hui. Sachez, dans la palette
infinie des textes que l'on vous donne
(et ceci aussi n'est pas mal), écouter la voix
qui ne parle qu'à vous et sollicite en vous
l'écho de son émotion.
On a souvent pris pour cible
l'explication de texte, et souvent à juste titre
: si l'on prétend en effet épuiser la
signification du texte et l'enfermer dans un
commentaire prétendument exhaustif, alors on se
trompe lourdement. Il faut en effet se défaire à tout prix des notions de "message" ou de "sens". « Dans un poème ou dans un conte, écrit Jorge Luis Borges, le sens n'importe guère ; ce qui importe, c'est ce que créent dans l'esprit du lecteur telles ou telles paroles dites dans tel ordre ou selon telle cadence. » (Préface aux œuvres complètes, Gallimard, 1993). L'objectif de l'explication d'un poème est là : il ne s'agit pas de
décrypter un sens dont une autorité serait
dépositaire, mais tout au plus d'emprunter un
itinéraire, parmi d'autres possibles dans le
texte, et d'en rendre compte à l'aide de
quelques outils spécifiques. Votre travail doit
donc rester toujours modeste et ne pas craindre
d'éveiller au passage des échos qui viennent de
soi plus que de tel ou tel auteur :
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« On arrivera sans doute au prix d'un grand
effort à extraire une plus ou moins grande
partie de ce que le texte a voulu dire, mais
il en restera toujours un résidu "illisible".
En revanche, il est probable qu'en
accomplissant cet effort, il nous arrive au
passage de lire dans le texte, c'est-à-dire de
comprendre, certaines choses que l'auteur ne
voulait pas dire mais qu'il a pourtant dites.
» (Jose Ortega y Gasset, cité par Claude
Roy, Défense de la littérature, 1968).
Notre travail se distingue donc
radicalement de la critique littéraire de type
universitaire, qui – aidée de la biographie, de
la sociologie, de la linguistique etc. – peut
prétendre peut-être (nous en doutons) à une
certaine rigueur "scientifique". Ce n'est
absolument pas de cela qu'il s'agit dans la
perspective scolaire qui est la nôtre. À la fois
plus exigeante et plus modeste, elle n'est
certes pas prête à admettre n'importe quelle
interprétation, mais pour peu que celle-ci sache
se fonder sur l'analyse rigoureuse des procédés
littéraires à l'œuvre dans le texte, elle doit
permettre à l'élève de manifester la
sensibilité, la culture, la rigueur dont il est
capable. Expliquer, c'est simplement déplier,
nous dit l'étymologie, et libérer comme un vol
de papillons engourdis l'infini tremblement du
sens.
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