Étudier une stratégie argumentative 

 

 

 

  Commenter une progression argumentative :

 « Commentez l'organisation des arguments », « comment les arguments s'enchaînent-ils ? » etc. La question revient souvent sous diverses formes. L'ordre donné à l'argumentation est en effet une arme essentielle de la stratégie de la conviction : on vous demandera donc quelle place l'auteur donne à la thèse adverse, comment la progression des arguments s'efforce de gagner peu à peu l'adhésion du lecteur. Comme pour les autres questions de compréhension, il faudra élaborer une analyse soigneusement rédigée, que nous vous proposons de détailler.

  Observez le texte suivant :

Denis Diderot :
Contribution à l'Histoire des deux Indes de l'abbé Raynal (1780)

Sur l'esclavage

  Hommes ou démons, qui que vous soyez, oserez-vous justifier les attentats contre ma liberté naturelle par le droit du plus fort ? Quoi ! celui qui veut me rendre esclave n'est point coupable ? Il use de ses droits ? Où sont-ils ces droits ? Qui leur a donné un caractère assez sacré pour faire taire les miens ? Je tiens de la nature le droit de me défendre ; elle ne t'a donc pas donné celui de m'attaquer. Si tu te crois autorisé à m'opprimer, parce que tu es plus fort et plus adroit que moi, ne te plains donc pas quand mon bras vigoureux ouvrira ton sein pour y chercher ton cœur ; ne te plains pas, lorsque, dans tes entrailles déchirées, tu sentiras la mort que j'y aurai fait passer avec tes aliments. Je suis plus fort ou plus adroit que toi ; sois à ton tour victime ; expie maintenant le crime d'avoir été oppresseur.
  Mais, dit-on, dans toutes les régions ou dans tous les siècles, l'esclavage s'est plus ou moins généralement établi.
  Je le veux : mais qu'importe ce que les autres peuples ont fait dans les autres âges ? Est-ce aux usages du temps ou à sa conscience qu'il faut en appeler ? Est-ce l'intérêt, l'aveuglement, la barbarie ou la raison et la justice qu'il faut écouter ? Si l'universalité d'une pratique en prouvait l'innocence, l'apologie des usurpations, des conquêtes, de toutes les sortes d'oppressions serait achevée.
  Mais
les anciens peuples se croyaient, dit-on, maîtres de la vie de leurs esclaves ; et nous, devenus humains, nous ne disposons plus que de leur liberté, de leur travail.
  Il est vrai. Tous les codes, sans exception, se sont armés pour la conservation de l'homme même qui languit dans la servitude. Ils ont voulu que son existence fût sous la protection du magistrat, que les tribunaux seuls en pussent précipiter le terme. Mais cette loi, la plus sacrée des institutions sociales, a-t-elle jamais eu quelque force ? L'Amérique n'est-elle pas peuplée de colons atroces, qui usurpant insolemment les droits souverains, font expier par le fer ou la flamme les infortunées victimes de leur avarice ? Je vous défie, vous, le défenseur ou le panégyriste de notre humanité et de notre justice, je vous défie de me nommer un des assassins, un seul qui ait porté sa tête sur un échafaud.
  Supposons, je le veux bien, l'observation rigoureuse de ces règlements qui à votre gré honorent si fort notre âge. L'esclave sera-t-il beaucoup moins à plaindre ? Eh quoi ! le maître qui dispose de l'emploi de mes forces ne dispose-t-il pas de mes jours qui dépendent de l'usage volontaire et modéré de mes facultés ? Qu'est-ce que l'existence pour celui qui n'en a pas la propriété ? On dirait que les lois ne protègent l'esclave contre une mort prompte que pour laisser à ma cruauté le droit de le faire mourir tous les jours. Dans la vérité, le droit d'esclavage est celui de commettre toutes sortes de crimes.
  Je hais, je fuis l'espèce humaine, composée de victimes et de bourreaux ; et si elle ne doit pas devenir meilleure, puisse-t-elle s'anéantir !

 

Commencez par répondre aux questions relatives à la situation d'énonciation : qui parle ? à qui ? Relevez précisément les indices qui renvoient aux deux personnes et commentez l'efficacité de leur choix. Montrez que nous avons affaire à un dialogue. En quoi peut-on parler de ton polémique ?

Le relevé des mots de liaison, préalable à tout commentaire de l'organisation argumentative, vous a montré la fréquence des mots de liaison de l'opposition ("Mais"). Ceci trahit bien sûr la présence constante de la thèse adverse, que l'émetteur s'emploie successivement à réfuter, et donc d'un plan dialectique. Nous avons coloré différemment chaque étape de cette argumentation : reformulez nettement les arguments qui y sont critiqués puis ceux qui y sont soutenus. Montrez que les arguments sont de plus en plus convaincants.

Examinez plus attentivement les mots de liaison à l'intérieur des deuxième et quatrième paragraphes (nous les avons colorés pour plus de commodité). Vous observerez que la conjonction "mais" est précédée de formules comme "je le veux" (c'est-à-dire "je veux bien, admettons") ou "il est vrai", marquant la concession faite à l'adversaire (voyez la page consacrée à ce type de raisonnement). Montrez que la même stratégie est présente, mais implicitement, dans le dernier paragraphe. Pourquoi l'émetteur choisit-il d'accepter d'abord l'argument adverse avant de le réfuter ?

Vous êtes maintenant en mesure de rédiger votre analyse de la progression argumentative. Nous vous proposons de lire l'exemple commenté suivant, qui vous permettra aussi de corriger vos réponses aux questions que nous avons posées, et d'en retenir la composition pour vos travaux futurs.

Présentation générale
Le texte est une critique de l'esclavage, adressée par un esclave à celui qui l'opprime. Une situation de dialogue permet à celui-ci (négrier ou bourgeois occidental qui profite du système) d'opposer plus brièvement ses objections.
Thème, thèses
Ce réquisitoire est bâti sur une réfutation des lois occidentales (le Code noir, par exemple) par lesquelles les pays d'Europe ont souhaité donner une légitimité à l'esclavage. L'orateur en montre l'hypocrisie et la cruauté.
L'introduction
L'introduction prend aussitôt le ton de l'invective pour mettre en garde les usagers de la violence contre le retour légitime de celle-ci à leurs dépens. Le ton, violemment polémique, fait habilement glisser l'adresse au récepteur du "vous" au "tu", interlocuteur typique qui prendra ponctuellement la parole pour justifier l'esclavage.
La première partie
Commence alors une série de subjections (les arguments vont s'opposer successivement sous la forme d'un dialogue entre l'orateur et son interlocuteur). Son premier argument ("mais") prétend justifier l'esclavage par l'ancienneté de la pratique. Après une rapide concession ("je le veux"), l'orateur établit ("mais"), à la suite d'une série de questions rhétoriques, que les coutumes ne se légitiment pas par leur universalité mais par leur respect de la justice.
La deuxième partie
Une deuxième objection ("mais") prétend s'appuyer sur l'évolution des lois esclavagistes en faveur du respect de la vie humaine. Une nouvelle concession ("il est vrai") donne plus de force encore à une réfutation ("mais") qui affirme l'impunité des meurtriers d'esclaves, prouvant l'inapplication de ces lois.
La troisième partie
Enfin, l'avant-dernier paragraphe, où cette tactique de concession/réfutation reste implicite, établit en un dernier argument l'inhumanité foncière d'une condition qui retire à l'esclave la jouissance de sa propre vie, fût-elle préservée.
La conclusion
Une rapide conclusion, amorcée d'ailleurs par le paragraphe précédent qui annulait toute validité au "droit d'esclavage", donne parole entière au "je", décidé à abhorrer une espèce humaine qui continue à reposer sur semblable exploitation.
Commentaire sur le schéma argumentatif
Ce texte repose donc sur une stratégie efficace qui consiste à condamner point par point, par la rigueur du raisonnement, une pratique qui prétendait trouver des assises juridiques. Le plan dialectique trouve sa force dans la situation du dialogue qui permet en de rapides concessions d'écouter l'adversaire et de mieux prouver la cruauté et l'hypocrisie du discours qu'il prétend légitimer.

 

   Pour une reformulation :
         Reformuler une progression argumentative peut être un excellent moyen d'en vérifier la maîtrise et la compréhension.

que faut-il garder ?

  • la situation d'énonciation (pronoms, dialogue),
  • le système énonciatif (la fréquence des interrogations oratoires, le ton polémique),
  • la progression argumentative, les mots de liaison (ou leurs équivalents).

que faut-il supprimer ?

  • les exemples (s'ils ne sont pas trop développés ou s'il ne s'agit pas d'exemples argumentatifs). Ici, l'allusion à l'Amérique du quatrième paragraphe peut ne pas être reprise ;
  • les redites : en dégageant la progression des arguments, vous repérerez mieux ceux qui, dans chaque partie, se répètent sous une autre forme. Ici, les questions oratoires soutiennent le plus souvent le même argument. Leur répétition est seulement impressive : une seule à chaque fois suffira.

comment faire ?

  • englober : les exemples importants, les images peuvent parfois se développer sur plusieurs lignes. Les supprimer sans discernement serait dangereux. Mieux vaut les réduire à une formulation plus dense. Ainsi, dans le texte de Diderot, les menaces
    "ne te plains donc pas quand mon bras vigoureux ouvrira ton sein pour y chercher ton cœur ; ne te plains pas, lorsque, dans tes entrailles déchirées, tu sentiras la mort que j'y aurai fait passer avec tes aliments"
    pourraient être simplement reformulées par les termes génériques de "fer" et de "poison".
  • nominaliser : une phrase complexe est toujours susceptible d'être trop longue et lourde. Choisissez dès que possible la phrase simple, l'adjectif au lieu de la relative, le nom au lieu du verbe.
  • choisir des synonymes pertinents : c'est l'une des difficultés du résumé. Votre niveau de vocabulaire fera toujours la différence. Mais il ne faut pas non plus pousser trop loin cette recherche de synonymes : relever un champ lexical dominant peut donner quelques indications et souffler quelques autres mots simples. Ici un champ lexical de la justice est évident :
    "droit, coupable, expier, justice, innocence, codes, magistrat, loi, tribunaux, échafaud, règlements..."
    autorisant que quelques-uns, les plus génériques, soient repris.

On pourrait ainsi aboutir à une reformulation de ce type :

  D'où vient le droit que vous vous êtes arrogé pour me tenir en esclavage ? Si tu uses de ta force pour me réduire, alors ne t'étonne pas, par le fer ou le poison, de subir un jour la mienne.
  Mais l'esclavage a toujours existé.
  Peut-être, mais si l'on s'alignait sur les usages au lieu d'écouter sa raison, les pires horreurs seraient justifiées.
  Mais au moins ne disposons-nous plus de la vie de nos esclaves.
  En effet, les lois interdisent désormais d'en disposer à qui n'en a pas reçu le droit. Mais où les voyez-vous appliquées ? Et sauriez-vous, vous, l'humaniste, citer un seul exemple de colon meurtrier qui ait été condamné ?
  Et puis même si ces lois étaient appliquées, ne croyez-vous pas que la condition d'esclave spolie de sa propre vie celui qui est dans les fers ?
  Une humanité régie par de tels conflits n'a qu'à disparaître.

 

 

  Analyser une stratégie argumentative :

  Dans l'optique de l'oral, nous proposons ci-dessous une analyse de la stratégie propre au texte argumentatif, qui impose de considérer l'ensemble des moyens mis au service d'une thèse : système énonciatif, registres employés, organisation des discours. Il s'agit donc d'une véritable lecture analytique du texte argumentatif. C'est à ce travail que nous vous invitons ci-dessous, sous la forme qu'il revêt parfois : une comparaison de deux discours. Commencez par consulter le tableau des types de textes pour vous familiariser avec les caractères des textes argumentatif.

 

 Lisez attentivement les deux textes suivants : une page célèbre de J.J. Rousseau est confrontée à la réponse que lui fit indirectement Voltaire.

Rousseau :
Discours sur l'origine de l'inégalité (1755)

Voltaire :
Questions sur l'Encyclopédie
(1770)

   Le premier qui ayant enclos un terrain s'avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : "Gardez-vous d'écouter cet imposteur ; vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous et que la terre n'est à personne!" Mais il y a grande apparence qu'alors les choses en étaient déjà venues au point de ne plus pouvoir durer comme elles étaient : car cette idée de propriété, dépendant de beaucoup d'idées antérieures qui n'ont pu naître que successivement, ne se forma pas tout d'un coup dans l'esprit humain : il fallut faire bien des progrès, acquérir bien de l'industrie et des lumières, les transmettre et les augmenter d'âge en âge, avant que d'arriver à ce dernier terme de l'état de nature. [...] La métallurgie et l'agriculture furent les deux arts dont l'invention produisit cette grande révolution. Pour le poète, c'est l'or et l'argent, mais pour le philosophe ce sont le fer et le blé qui ont civilisé les hommes, et perdu le genre humain.

   Ainsi, selon ce beau philosophe, un voleur, un destructeur aurait été le bienfaiteur du genre humain; et il aurait fallu punir un honnête homme qui aurait dit à ses enfants : "Imitons notre voisin, il a enclos son champ, les bêtes ne viendront plus le ravager ; son terrain deviendra plus fertile; travaillons le nôtre comme il a travaillé le sien, il nous aidera et nous l'aiderons. Chaque famille cultivant son enclos, nous serons mieux nourris, plus sains, plus paisibles, moins malheureux. Nous tâcherons d'établir une justice distributive qui consolera notre pauvre espèce, et nous vaudrons mieux que les renards et les fouines à qui cet extravagant veut nous faire ressembler."
   Ce discours ne serait-il pas plus sensé et plus honnête que celui du fou sauvage qui voulait détruire le verger du bonhomme ?
   Quelle est donc l'espèce de philosophie qui fait dire des choses que le sens commun réprouve du fond de la Chine jusqu'au Canada ? N'est-ce pas celle d'un gueux qui voudrait que tous les riches fussent volés par les pauvres, afin de mieux établir l'union fraternelle entre les hommes ?

  

attention   Comme dans le cas d'une lecture analytique classique, un certain nombre de questions doivent être envisagées dans un certain ordre. Celles-ci correspondent aux caractères connus du texte argumentatif. Ces étapes doivent constituer les différentes parties, soigneusement rédigées, de votre travail. Ne construisez pas, en effet, un plan qui vous ferait passer en revue les textes l'un après l'autre : il s'agit bel et bien de les comparer !

 

1) Le système énonciatif :

- les thèses en présence : formulez-les nettement en faisant apercevoir leur différence radicale. Les deux philosophes utilisent pour l'exprimer un petit mythe fondateur, qui tient donc du récit. Il s'agit d'un apologue. Montrez, là aussi, les différences : une dramatisation évidente, et presque épique, chez Rousseau pour évoquer une cassure originelle (il emploie des temps du passé) ; une narration familière, patriarcale, chez Voltaire pour manifester un projet d'ordre économique (il emploie le futur). Qu'en conclure sur l'opposition des deux hommes et du sens qu'elle prend en plein siècle des Lumières ?

- qui parle ? à qui ? Les deux textes mettent en scène une situation sous la forme d'un discours rapporté. Vous pourrez commenter avec profit les différences de ces deux discours : au vous employé par Rousseau sur le ton de l'imprécation et de la menace, s'opposent le nous patriarcal de Voltaire puis les trois questions rhétoriques qui appellent l'adhésion du lecteur.

- le degré d'implication de l'émetteur : les deux textes sont forts différents sur ce point. Si, dans les deux discours, le je est absent, les indices de l'opinion ne manquent pas. Évaluez le degré de certitude en relevant les modalisateurs (ainsi la tonalité exclamative chez Rousseau, le caractère plus posé de l'énonciation chez Voltaire).
Complétez votre analyse par le relevé des évaluatifs : vous pouvez observer leur nette valeur polémique (la violence et la solennité des termes chez Rousseau ; l'ironie de Voltaire et l'opposition nette qu'il ménage, dans sa stratégie de réfutation, entre les termes laudatifs et péjoratifs).

  Faites un petit bilan intermédiaire de vos remarques : caractérisez nettement l'opposition idéologique des deux philosophes.

 

2) les registres :

- la nature du vocabulaire : dans les deux textes, les termes ont un évident registre moral. Dans quel texte cette tonalité est-elle la plus austère et la plus violente? Dans quel texte, ce vocabulaire marque-t-il au contraire un effort de simplicité et de réalisme ? Pourquoi ?
- la syntaxe : commentez la nature de la phrase dans les deux textes (ampleur et rythmes ternaires, par exemple, chez Rousseau ; phrases courtes, au contraire, et interrogations oratoires de Voltaire).

Qu'en conclure sur les tons employés ? Comment qualifieriez-vous chacun de ces registres (reportez-vous à l'analyse du registre dans la partie concernée) ? Reliez votre observation avec ce que vous aurez pu noter précédemment des deux thèses en présence et de l'opposition des deux philosophes :ainsi vous pouvez mettre en valeur le caractère dogmatique et destructeur de l'argumentation de Rousseau ; l'allure plus pragmatique et constructive de celle de Voltaire.

3) l'organisation :

- montrez que Voltaire calque l'organisation de son argumentation sur celle de Rousseau. Pourquoi ?

- quel est le type de raisonnement employé (reportez-vous aux types d'arguments)? Quelle place occupe le récit proprement dit dans l'argumentation ? Doit-on parler d'induction ou de déduction dans le dégagement de la leçon finale ?

Vous pourrez, ici encore, formuler nettement un bilan de vos remarques avant de tirer parti de tous vos bilans précédents dans la conclusion. Celle-ci doit aussi vous permettre de juger plus personnellement les thèses et de manifester votre préférence pour l'une ou l'autre. Vous pouvez, pour cela, évoquer la postérité de ces thèses et distinguer celle qui a prévalu.

 

FICHE PRATIQUE : les questions à poser au texte argumentatif

La situation de communication : 
  • qui parle ? à qui ?  (degré d'implication de l'émetteur et du récepteur : modalisateurs et évaluatifs)
  • de quoi ? (identifier la ou les thèses en présence)
  • pourquoi ? (convaincre ou persuader ?)

Les registres : 

  • nature du vocabulaire
  • caractères de la syntaxe (phrase, tournures)
  • caractérisation du registre.

L'organisation :

  • type de raisonnement employé (types d'arguments, nature des exemples)
  • nature du plan (étude des connecteurs logiques).

 

Vous pourrez examiner un autre exemple de lecture analytique du texte argumentatif sur la page que nous consacrons à la Lettre sur la Providence de Jean-Jacques Rousseau.
  Nous vous invitons enfin à récapituler les outils argumentatifs que nous avons étudiés pour examiner la stratégie employée par Rousseau dans le texte ci-dessous :

Rousseau Jean-Jacques ROUSSEAU     Lettre à Mme Dupin de Francueil  (20 avril 1751)

  Accusé par ses ennemis d'avoir abandonné ses enfants, Rousseau soutient dans les Confessions « qu'en [les] livrant à l'éducation publique, faute de pouvoir les élever [lui]-même, en les destinant à devenir ouvriers et paysans, plutôt qu'aventuriers et coureurs de fortunes, [il] cru[t] faire un acte de citoyen et de père ». C'est dans ce sens qu'il écrit cette lettre à Mme Dupin. Mais un passage d' Émile ou De l'éducation, en 1762, révèle que le débat dut être en lui plus cruel qu'il ne le laisse entendre : « Celui qui ne peut remplir les devoirs de père n'a point le droit de le devenir. Il n'y a ni pauvreté, ni travaux, ni respect humain, qui le dispensent de nourrir ses enfants et de les élever lui-même. Lecteurs, vous pouvez m'en croire. Je prédis à quiconque a des entrailles et néglige de si saints devoirs, qu'il versera longtemps sur sa faute des larmes amères, et n'en sera jamais consolé » (livre IV).

l'entrée en matière est ferme et provocante. La thèse est annoncée : repérez la phrase qui l'exprime. L'ensemble de la lettre la validera dans une organisation très rigoureuse :

premier argument : montrez comment Rousseau revendique ses choix au nom de la dignité humaine. Quels procédés marquent le caractère intolérable de la situation envisagée ?

 

deuxième argument : montrez que Rousseau utilise toutes les ressources du registre pathétique.

 

 

troisième argument : Rousseau prévient les objections. Le plaidoyer devient réquisitoire. Montrez ici la mobilisation des moyens polémiques.

 

  quatrième argument : Rousseau s'emploie à dissiper de manière injonctive la connotation péjorative des mots «Enfants-Trouvés». Le propos s'élargit subtilement jusqu'à un véritable projet d'éducation !

 

 

 

  Oui, madame, j'ai mis mes enfants aux Enfants-Trouvés; j'ai chargé de leur entretien l'établissement fait pour cela. Si ma misère et mes maux m'ôtent le pouvoir de remplir un soin si cher, c'est un malheur dont il faut me plaindre, et non un crime à me reprocher. Je leur dois la subsistance; je la leur ai procurée meilleure ou plus sûre au moins que je n'aurais pu la leur donner moi-même; cet article est avant tout. Ensuite, vient la déclaration de leur mère qu'il ne faut pas déshonorer.
  Vous connaissez ma situation; je gagne au jour la journée mon pain avec assez de peine; comment nourrirais-je encore une famille ? Et si j'étais contraint de recourir au métier d'auteur, comment les soucis domestiques et les tracas des enfants me laisseraient-ils, dans mon grenier, la tranquillité d'esprit nécessaire pour faire un travail lucratif ? Les écrits que dicte la faim ne rapportent guère et cette ressource est bientôt épuisée. Il faudrait donc recourir aux protections, à l'intrigue, au manège; briguer quelque vil emploi; le faire valoir par les moyens ordinaires, autrement il ne me nourrira pas, et me sera bientôt ôté; enfin, me livrer moi-même à toutes les infamies pour lesquelles je suis pénétré d'une si juste horreur. Nourrir, moi, mes enfants et leur mère, du sang des misérables ! Non, madame, il vaut mieux qu'ils soient orphelins que d'avoir pour père un fripon.
  Accablé d'une maladie douloureuse et mortelle, je ne puis espérer encore une longue vie; quand je pourrais entretenir, de mon vivant, ces infortunés destinés à souffrir un jour, ils payeraient chèrement l'avantage d'avoir été tenus un peu plus délicatement qu'ils ne pourront l'être où ils sont. Leur mère, victime de mon zèle indiscret, chargée de sa propre honte et de ses propres besoins, presque aussi valétudinaire, et encore moins en état de les nourrir que moi, sera forcée de les abandonner à eux-mêmes ; et je ne vois pour eux que l'alternative de se faire décrotteurs ou bandits, ce qui revient bientôt au même. Si du moins leur état était légitime, ils pourraient trouver plus aisément des ressources. Ayant à porter à la fois le déshonneur de leur naissance et celui de leur misère, que deviendront-ils ?
  Que ne me suis-je marié, me direz-vous ? Demandez à vos injustes lois, madame. Il ne me convenait pas de contracter un engagement éternel, et jamais on ne me prouvera qu'aucun devoir m'y oblige. Ce qu'il y a de certain, c'est que je n'en ai rien fait, et que je n'en veux rien faire. « Il ne faut pas faire des enfants quand on ne peut pas les nourrir. » Pardonnez-moi, madame, la nature veut qu'on en fasse puisque la terre produit de quoi nourrir tout le monde; mais c'est l'état des riches, c'est votre état qui vole au mien le pain de mes enfants. La nature veut aussi qu'on pourvoie à leur subsistance; voilà ce que j'ai fait; s'il n'existait pas pour eux un asile, je ferais mon devoir et me résoudrais à mourir de faim moi-même plutôt que de ne pas les nourrir.
  Ce mot d'Enfants-Trouvés vous en imposerait-il, comme si l'on trouvait ces enfants dans les rues, exposés à périr si le hasard ne les sauve ? Soyez sûre que vous m'auriez pas plus d'horreur que moi pour l'indigne père qui pourrait se résoudre à cette barbarie : elle est trop loin de mon cœur pour que je daigne m'en justifier. Il y a des règles établies ; informez-vous de ce qu'elles sont, et vous saurez que les enfants ne sortent des mains de la sage-femme que pour passer dans celles d'une nourrice. Je sais que ces enfants ne sont pas élevés délicatement : tant mieux pour eux, ils en deviennent plus robustes; on ne leur donne rien de superflu, mais ils ont le nécessaire; on n'en fait pas des messieurs, mais des paysans ou des ouvriers. Je ne vois rien, dans cette manière de les élever, dont je ne fisse choix pour les miens. Quand j'en serais le maître, je ne les préparerais point, par la mollesse, aux maladies que donnent la fatigue et les intempéries de l'air à ceux qui n'y sont pas faits. Ils ne sauraient ni danser, ni monter à cheval; mais ils auraient de bonnes jambes infatigables. Je n'en ferais ni des auteurs ni des gens de bureau; je ne les exercerais point à manier la plume, mais la charrue, la lime ou le rabot, instruments qui font mener une vie saine, laborieuse, innocente, dont on n'abuse jamais pour mal faire, et qui n'attire point d'ennemis en faisant bien. C'est à cela qu'ils sont destinés; par la rustique éducation qu'on leur donne, ils seront plus heureux que leur père.

 QUESTIONS :

1. Reformulez chacun des quatre arguments.
2. Récapitulez les procédés par lesquels l'auteur les modalise.
3. La fin de cette lettre fait penser à la page célèbre d'Émile ou De l'éducation (livre IV) où Rousseau se laisse aller à une rêverie fertile : que ferait-il s'il était riche ? Après avoir défini le cadre matériel de son bonheur, il en vient à imaginer l'espèce de société qu'il réunirait autour de lui. C'est l'occasion, dans une petite utopie, de définir en termes simples un véritable contrat social que vous pourrez expliciter en le rapprochant de la fin de la lettre précédente :

  Là, je rassemblerais une société, plus choisie que nombreuse, d'amis aimant le plaisir et s'y connaissant, de femmes qui pussent sortir de leur fauteuil et se prêter aux jeux champêtres, prendre quelquefois, au lieu de la navette et des cartes la ligne, les gluaux, le râteau des faneuses, et le panier des vendangeurs. Là, tous les airs de la ville seraient oubliés, et, devenus villageois au village, nous nous trouverions livrés à des foules d'amusements divers qui ne nous donneraient chaque soir que l'embarras du choix pour le lendemain. L'exercice et la vie active nous feraient un nouvel estomac et de nouveaux goûts. Tous nos repas seraient des festins, où l'abondance plairait plus que la délicatesse. La gaieté, les travaux rustiques, les folâtres jeux sont les premiers cuisiniers du monde, et les ragoûts fins sont bien ridicules à des gens en haleine depuis le lever du soleil. Le service n'aurait pas plus d'ordre que d'élégance; la salle à manger serait partout, dans le jardin, dans un bateau, sous un arbre; quelquefois au loin, près d'une source vive, sur l'herbe verdoyante et fraîche, sous des touffes d'aunes et de coudriers; une longue procession de gais convives porterait en chantant l'apprêt du festin; on aurait le gazon pour table et pour chaise; les bords de la fontaine serviraient de buffet, et le dessert pendrait aux arbres. Les mets seraient servis sans ordre, l'appétit dispenserait des façons; chacun se préférant ouvertement à tout autre, trouverait bon que tout autre se préférât de même à lui. De cette familiarité cordiale et modérée naîtrait, sans grossièreté, sans fausseté, sans contrainte, un conflit badin plus charmant cent fois que la politesse, et plus fait pour lier les cœurs. Point d'importun laquais épiant nos discours, critiquant tout bas nos maintiens, comptant nos morceaux d'un œil avide, s'amusant à nous faire attendre à boire, et murmurant d'un trop long dîner. Nous serions nos valets pour être nos maîtres, chacun serait servi par tous; le temps passerait sans le compter, le repas serait le repos, et durerait autant que l'ardeur du jour. S'il passait près de nous quelque paysan retournant au travail, ses outils sur l'épaule, je lui réjouirais le cœur par quelques bons propos, par quelques coups de bon vin qui lui feraient porter plus gaiement sa misère; et moi j'aurais aussi le plaisir de me sentir émouvoir un peu les entrailles, et de me dire en secret : je suis encore homme.

 

 

Exercice d'application :

Objet d'étude : La littérature d'idées.

CORPUS

  Éloge du travail manuel.

   Les trois textes suivants sont animés de la même intention : contrecarrer les vieux préjugés qui pèsent sur le travail manuel au profit du travail intellectuel. Ce souci est particulièrement manifesté par les humanistes du XVIème siècle (on pourra consulter par exemple l'avis adressé au lecteur par Bernard Palissy), et les philosophes du XVIIIème siècle lui donnent plus d'importance encore.
  Après lecture de ces trois documents, vous pourrez répondre aux questions de type bac que nous vous proposons.

  TEXTE 1

  En examinant les productions des Arts, on s'est aperçu que les unes étaient plus l'ouvrage de l'esprit que de la main, et qu'au contraire d'autres étaient plus l'ouvrage de la main que de l'esprit. Telle est en partie l'origine de la prééminence que l'on a accordée à certains Arts sur d'autres, et de la distribution qu'on a faite des arts en Arts libéraux et en Arts mécaniques. Cette distinction, quoique bien fondée, a produit un mauvais effet, en avilissant des gens très estimables et très utiles, et en fortifiant en nous je ne sais quelle paresse naturelle, qui ne nous portait déjà que trop à croire, que donner une application constante et suivie à des expériences et à des objets particuliers, sensibles et matériels, c'était déroger à la dignité de l'esprit humain; et que de pratiquer, ou même d'étudier les Arts mécaniques, c'était s'abaisser à des choses dont la recherche est laborieuse, la méditation ignoble, l'exposition difficile, le commerce déshonorant, le nombre inépuisable, et la valeur minutielle. Préjugé qui tendait à remplir les villes d'orgueilleux raisonneurs, et de contemplateurs inutiles, et les campagnes de petits tyrans ignorants, oisifs et dédaigneux. Ce n'est pas ainsi qu'ont pensé Bacon, un des premiers génies de l'Angleterre; Colbert, un des plus grands ministres de la France; enfin les bons esprits et les hommes sages de tous les temps. Bacon regardait l'histoire des Arts mécaniques comme la branche la plus importante de la vraie Philosophie; il n'avait donc garde d'en mépriser la pratique. Colbert regardait l'industrie des peuples et l'établissement des manufactures, comme la richesse la plus sûre d'un royaume. Au jugement de ceux qui ont aujourd'hui des idées saines de la valeur des choses, celui qui peupla la France de graveurs, de peintres, de sculpteurs et d'artistes en tout genre; qui surprit aux Anglais la machine à faire des bas, les velours aux Génois, les glaces aux Vénitiens, ne fit guère moins pour l'état, que ceux qui battirent ses ennemis, et leur enlevèrent leurs places fortes; et aux yeux du philosophe, il y a peut-être plus de mérite réel à avoir fait naître les Le Brun, les Le Sueur et les Audran, peindre et graver les batailles d'Alexandre, et exécuter en tapisserie les victoires de nos généraux, qu'il n'y en a à les avoir remportées. Mettez dans un des côtés de la balance les avantages réels des Sciences les plus sublimes, et des Arts les plus honorés, et dans l'autre côté ceux des Arts mécaniques, et vous trouverez que l'estime qu'on a faite des uns, et celle qu'on a faite des autres, n'ont pas été distribuées dans le juste rapport de ces avantages, et qu'on a bien plus loué les hommes occupés à faire croire que nous étions heureux, que les hommes occupés à faire que nous le fussions en effet. Quelle bizarrerie dans nos jugements ! Nous exigeons qu'on s'occupe utilement, et nous méprisons les hommes utiles.
Diderot, Encyclopédie, article « Art » (1751-1772).

 TEXTE 2

[…] De toutes les occupations qui peuvent fournir la subsistance à l’homme, celle qui le rapproche le plus de l’état de nature est le travail des mains : de toutes les conditions, la plus indépendante de la fortune et des hommes est celle de l’artisan. L’artisan ne dépend que de son travail ; il est libre, aussi libre que le laboureur est esclave ; car celui-ci tient à son champ, dont la récolte est à la discrétion d’autrui. L’ennemi, le prince, un voisin puissant, un procès, lui peut enlever ce champ ; par ce champ on peut le vexer en mille manières ; mais partout où l’on veut vexer l’artisan, son bagage est bientôt fait ; il emporte ses bras et s’en va. Toutefois, l’agriculture est le premier métier de l’homme : c’est le plus honnête, le plus utile, et par conséquent le plus noble qu’il puisse exercer. Je ne dis pas à Émile : Apprends l’agriculture ; il la sait. Tous les travaux rustiques lui sont familiers ; c’est par eux qu’il a commencé, c’est à eux qu’il revient sans cesse. Je lui dis donc : Cultive l’héritage de tes pères. Mais si tu perds cet héritage, ou si tu n’en as point, que faire ? Apprends un métier.
  Un métier à mon fils ! mon fils artisan ! Monsieur, y pensez-vous ? J’y pense mieux que vous, madame, qui voulez le réduire à ne pouvoir jamais être qu’un lord, un marquis, un prince, et peut-être un jour moins que rien : moi, je lui veux donner un rang qu’il ne puisse perdre, un rang qui l’honore dans tous les temps ; je veux l’élever à l’état d’homme ; et, quoi que vous en puissiez dire, il aura moins d’égaux à ce titre qu’à tous ceux qu’il tiendra de vous.
  La lettre tue, et l’esprit vivifie. Il s’agit moins d’apprendre un métier pour savoir un métier, que pour vaincre les préjugés qui le méprisent. Vous ne serez jamais réduit à travailler pour vivre. Eh ! tant pis, tant pis pour vous ! Mais n’importe ; ne travaillez point par nécessité, travaillez par gloire. Abaissez-vous à l’état d’artisan, pour être au-dessus du vôtre. Pour vous soumettre la fortune et les choses, commencez par vous en rendre indépendant. Pour régner par l’opinion, commencez par régner sur elle.
  Souvenez-vous que ce n’est point un talent que je vous demande : c’est un métier, un vrai métier, un art purement mécanique, où les mains travaillent plus que la tête, et qui ne mène point à la fortune, mais avec lequel on peut s’en passer.
Rousseau, Émile ou De l'éducation, livre III (1762).

 TEXTE 3

  Rien n’est plus agréable aux dieux que l'adolescent qui sort des grandes écoles, la tête couverte de lauriers, mais qui se dirige vers la forge de son père, l'atelier de l'artisan ou les champs dans lesquels la charrue est restée en de vieilles mains. Au lieu de s'asseoir à la chaire, il forge tout le jour des fers pour les chevaux ; il construit des tables, des armoires, des crédences et des grands pétrins avec des bois dont l'odeur seule donne au cœur la quadruple force des chars de course ; il taille et assemble le cuir pour les bottes du flotteur de radeaux et le soulier ferré du roulier. L'homme est assis à côté de lui, le regarde faire, lui parle, le respecte dans son travail. Il laboure, et sème, et fauche et foule. Déjà il est sensible à son libre travail, à la matière qu'il façonne, à l'utilité humaine qu'il a. Sa richesse ne dépend pas de son salaire mais de ses joies ; il en trouve dans le fer, dans le bois, dans le cuir, dans le blé. Il en trouve dans la possession de lui-même, dans l'obéissance à sa nature d'homme. Sa science le rend clair et frémissant ; il la sent qui chaque jour s'affine et se complète dans l'exercice de ce travail manuel où toutes les lois de l'univers se mêlent sous ses mains. C'est alors, assis près de l'âtre, que tu ne pourras plus lui contester la compréhension des rythmes, quand il tressera peu à peu la jarre avec des tourillons de sagnes. Il est beau de savoir que le forgeron est un agrégé des lettres -, il a un magnifique poème dans son atelier. Il est beau de savoir que le laboureur a des grades très élevés en mathématiques, la loi des nombres est dans les montagnes, dans les forêts, le ciel de jour et le ciel de nuit. Direz-vous qu'il a réussi celui qui, s'étant gardé libre, amoureux de son travail, entouré d'armes et d'ailes magiques, aura fait en pleine santé des enfants solides avec une femme robuste et passé sa vie dans la paix des champs ? Ne fais pas métier de la science; elle est seulement une noblesse intérieure. Ne crois pas que, la possédant, tu te déconsidères en travaillant les champs ou la matière. Je n'ai pas maudit la dureté des temps quand j'ai rencontré aux Carrières du col de Lus cet étudiant en philosophie qui travaillait avec les ouvriers. J'ai fait dix fois le voyage pour aller passer des soirées avec lui. On ne pouvait rien lui souhaiter. Il avait une poitrine de héros ; une force joyeuse le portait avec élégance. Il faisait des mines dans le silex au sommet de cette épine rocheuse qui soutient la Montagne de France. Sous lui vivaient la forêt et ses clairières puis les champs et les villages. Il avait gardé ses livres. Il les lisait. Il s'en allait au bord du torrent avec Platon, Hésiode ou un petit Virgile. Il s'arrêtait parfois de lire pour pêcher des truites à la main.
Jean Giono, Les Vraies richesses, 1937.

I. Après avoir lu tous les textes du corpus, vous répondrez à la question suivante :

  En quoi trouve-t-on dans les trois documents une stratégie comparable ?

II. Essai : (consulter la méthode ).


« Ne fais pas métier de la science; elle est seulement une noblesse intérieure.» Pensez-vous que ce conseil donné par Jean Giono puisse s'appliquer aujourd'hui ?
  Vous répondrez dans un développement organisé, en vous appuyant sur les textes du corpus, les textes étudiés en classe et vos lectures personnelles.