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SOMMAIRE
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Dans La
vie de Galilée de
Bertolt Brecht, le disciple Andrea, mortifié de ce que
son maître se soit
rétracté, s'exclame : "Malheureux le pays qui n'a pas de
héros!". Ce à quoi
Galilée rétorque : "Malheureux le pays qui a besoin de
héros." Les
communautés humaines, en effet, ont souvent identifié leurs
valeurs suprêmes à un
individu qui en semblait porteur : bravoure guerrière,
sacrifice du martyr, audace de
l'aventurier... Elles ont ensuite imposé cet exemple à
l'admiration publique et figé le
modèle dans une vénération où, bien vite, les peuples
n'avaient plus qu'à manifester
leur soumission (pensons à Alexis Stakhanov, héros du
travail dans la Russie
stalinienne!). Cette première observation nous oriente
vers une des idées-clés du
programme : les valeurs héroïques
sont susceptibles d'être
constamment révisées, les conceptions de l'humain
ou du surhumain étant
relatives à l'Histoire : si le héros grec est par excellence
un guerrier, c'est qu'il
exprime les vertus nécessaires à des sociétés archaïques où
la Cité naissante ne
peut se consolider que par la défense ou la volonté
hégémonique; au XVII° siècle, en
Europe, on considère au contraire comme héroïque la victoire
sur les passions et le
modèle idéal est celui de l'honnête homme, parfaitement
adapté à une société assise
sur le commerce social et la bienséance.
Un rapide coup d'œil sur les œuvres au programme nous
conforte dans cette
perspective : le héros guerrier de l'Iliade - aux
nombreuses facettes - peut se
trouver utilement confronté à cet autre guerrier qu'est
Henry V, dans cet autre contexte
que constitue le Moyen Âge chrétien; le héros romanesque de
Stendhal peut d'autre part
nous inviter à une nouvelle confrontation à l'aune de
l'exaltation romantique de valeurs
désormais personnelles.
C'est ici que
l'examen de l'héroïsme en tant que genre littéraire s'impose à
nous. Car la question
mise au sujet du prochain concours ressortit aux formes aussi
bien qu'aux thèmes : à
l'évidence, nos trois œuvres appartiennent au genre
épique, en ce qu'elles font la part belle à la guerre et
à l'enjeu national plus
qu'au destin des individus :
A considérer les choses de la manière la plus
générale, le conflit qui peut s'offrir comme la
situation la plus convenable pour l'épopée est
l'état de guerre. La guerre, en effet, c'est
toute une nation mise en mouvement, et qui, dans
les périls communs, révèle une inspiration et
une activité juvéniles, parce que c'est la plus
grande occasion qu'ait la totalité nationale de
répondre d'elle-même.
[...] En effet, dans les combats,
le courage guerrier est l'intérêt principal. Or,
le courage est une qualité de l'âme et un mode
d'activité qui ne se prête bien ni à
l'expression lyrique ni à l'action dramatique,
tandis qu'elle convient éminemment à la
représentation épique. Dans le drame, ce qui
nous intéresse surtout, c'est la force ou la
faiblesse spirituelle des caractères, le
pathétique des situations, la passion bonne ou
mauvaise, tandis que dans l'épopée c'est le
naturel du caractère. Par conséquent, le
courage, dans les entreprises nationales, est à
sa véritable place, parce qu'il n'est pas un
acte moral auquel la volonté se décide par
elle-même comme devoir dicté par la conscience;
il est quelques chose d'inné et de naturel qui
s'allie très bien avec le côté spirituel, mais
plutôt spontanément qu'avec réflexion, et
poursuit ainsi des fins pratiques qui se
laissent plus convenablement décrire qu'elles ne
peuvent être saisies dans l'expression des
sentiments et des pensée lyriques. Dans la
guerre, il en est des exploits et de leur suite
comme du courage : les œuvres de la volonté et
les hasards des événements extérieurs
maintiennent, en quelque sorte, entre eux la
balance égale. Du drame, au contraire, est exclu
l'événement simple, avec ses obstacles purement
extérieurs, parce qu'ici l'extérieur ne peut
conserver aucun droit indépendant; il doit
dériver du but que poursuivent les personnages
et des intentions profondes qui les font agir.
Ce qui fait que, quand les accidents
s'introduisent dans le cours de l'action et
paraissent en déterminer le dénouement, ils
doivent encore trouver leur principe et leur
justification dans le caractère intime et les
buts des personnages, aussi bien que dans les
conflits et leur dénouement nécessaire.
Hegel, Esthétique, 1835.
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La définition de l'épopée
fournie par Hegel nous
permettra d'observer des différences notables entre nos trois
œuvres : si L'Iliade
et Henry V mettent en effet en jeu "la totalité
nationale", on ne
saurait dire de même de La Chartreuse de Parme, dont
les enjeux restent
étroitement liés aux personnages et les actions subordonnées à
leur psychologie. La
représentation de l'héroïsme ne peut qu'y gagner ces nuances
qui constituent la
problématique de votre question. En
relation avec
les arts plastiques et avec les productions de la poésie et
du théâtre, Hegel, dans ses
leçons d’esthétique, distinguait le héros épique, le héros
tragique et le héros
dramatique.
-
Le
héros épique est porteur des
valeurs des sociétés archaïques : une forte
idéalisation, une stylisation lui permettent de jouer un
rôle de ciment dans la collectivité. Il est confronté à
des forces extérieures qui peuvent l'écraser, mais
devant lesquelles son triomphe est possible : chez
Homère, le héros est l’homme exemplaire abattu par la
nécessité. Mais il manifeste dans cet écrasement les
vertus qui font aussi sa grandeur. L’épopée
est faite de ce conflit surmontable qui symbolise la
lutte gigantesque de l’homme contre la nature vue sous
les traits du destin.
-
Le
héros tragique
est
aussi au cœur de ce conflit, mais lui accepte sa défaite
: écrasé par un Destin tout particulièrement acharné à
le perdre, il trouve dans les accents de sa plainte une
énergie qui ne dément jamais la vitalité héroïque. La
tragédie exprime avec solennité le rituel de cette
défaite annoncée en condensant à l'extrême la crise
décisive.
-
Le
héros dramatique est
l'émanation d'une société en profonde mutation. Face à
la pression du groupe, lui seul est un être de liberté :
il peut ne manifester aucune des grandes vertus
héroïques, mais il évolue dans un monde contingent où sa
volonté de puissance prétend, sans illusion, installer
du sens. Le
drame exprime cet univers de liberté et oppose aux
valeurs traditionnelles la quête individuelle de valeurs
privées. Le texte invite donc à la réflexion,
voire à la distanciation, et la parole y supplante
l'action pure.
Comment nos trois
œuvres se rangent-elles dans cette typologie ?
Les
genres auxquelles les
trois œuvres appartiennent n'est pas indifférent : une
épopée antique, une
pièce de théâtre, un roman. Il semble que l'on aille
progressivement vers une
réduction de la perspective héroïque aux valeurs
individuelles, peut-être même que
l'on glisse à la notion d'antihéros ? Mais, bien sûr,
c'est d'abord dans
l'épopée que s'inscrit la geste héroïque. Le poème épique,
écrivait Hölderlin,
"naïf selon l'apparence, est héroïque par sa signification.
C'est la métaphore de
grandes volontés" (Samtliche Werken, IV). L'héroïsme,
manifestation
d'une "grande volonté", serait donc une donnée fondamentale de
l'épique.
Cette notion se révélera vite capitale car susceptible
d'introduire de très fortes
nuances dans votre problématique. Ainsi T.S. Eliot n'a jamais
pu goûter l'Iliade
parce que la conduite des héros homériques lui échappait, à
commencer par celle
d'Achille, qu'il considérait comme "un voyou" (De la
poésie et de quelques
poètes). On pourra juger au contraire qu'Achille fait
preuve d'une grande volonté,
tant dans son refus de poursuivre le combat que dans sa
décision d'y revenir. Car la
force du guerrier ne suffit pas; il faut aussi la grandeur
humaine (celle qu'il
manifestera dans son pardon). Les héros ne sont donc pas
seulement les plus forts, ce
sont les seuls capables de raisonner leur conduite au milieu
de l'action. L'autre notion
mise en place par Hölderlin, celle de naïveté, doit être
interprétée correctement.
L'épopée n'est pas seulement un art fruste, témoin de cette
sobriété occidentale dont
Hölderlin rend hommage à Homère : s'il y a métaphore,
transposition des "grandes
volontés" dans le naïf, c'est que la présentation qui est
faite des actes des
héros se fait dans le cadre d'une vision fataliste. Mieux que
tout autre, Hegel a
exprimé ce paradoxe du genre épique : "C'est la poésie épique,
et non la
dramatique, qui est le domaine où règne la destinée". Cette
fatalité qu'incarne
la justice suprême diffère notablement de celle qu'on discerne
dans le registre
tragique, et même dramatique, qui impliquent tous deux la
conception de l'individu en
tant que personne : dans l'ordre épique," l'homme est jugé
d'après la cause qu'il
défend, et la tragique Némésis consiste justement en ce que
cette cause est trop lourde
pour l'individu, trop lourde pour ses épaules." Cette
fatalité peut être
présentée directement, avec une intervention patente des
dieux, comme dans l'Iliade,
elle peut aussi être laissée à deviner. L'étude de nos trois
œuvres devra
démêler ce rapport qu'entretient la "volonté" des héros avec
le destin, et
les trois genres différents qu'elles nous proposent - épique,
dramatique et romanesque -
ne pourront que commander à chaque fois un propos différent
sur l'héroïsme :
-
l'épopée (Iliade),
parce qu'elle est un récit où le point de vue du narrateur
est omniscient, interdit le subjectivisme et reste
impropre à l'introspection individuelle : peu de débats de
conscience, en effet, chez des héros déterminés par un
destin connu et accepté. La conséquence est que l'héroïsme
y est avant tout représenté, se résume à des actes dont la
rhétorique épique s'emploie à souligner l'excellence. Le
traitement du temps participe aussi de cette volonté : la
condensation en quelques épisodes d'une guerre de dix ans
évite les moments nuls, limite les êtres à la noblesse de
leurs actes.
-
le drame historique (La
vie d'Henry V) privilégie la parole et réduit
l'action à des éléments forcément sommaires que le
spectateur est invité à imaginer. Ici encore, la
condensation nécessaire d'un règne à quelques-uns de ses
épisodes évite les moments nuls, mais la représentation
scénique des relations entre les personnages favorise la
confidence personnelle du héros et son introspection
publique. Nous assistons ainsi à quelques-unes de ses
faiblesses, cependant que la régie théâtrale, contribuant
à situer le héros parmi les autres, favorise la
perspective politique.
-
le roman (La
Chartreuse de Parme) favorise, lui, le point
de vue subjectif : la vie du héros s'inscrit désormais
dans une linéarité d'où les moments nuls ne sont plus
exclus. Ils participent même d'un apprentissage au long
duquel le héros s'égare, se cherche, finit par se trouver
à des moments inattendus. Consacrant la fin de
"l'idéalisme abstrait" (Georg Lukacs), le roman du XIX°
siècle traite la temporalité comme un processus de
dégradation au cours duquel l'âme du héros, éprise de
valeurs qualitatives, se heurte sans cesse à l'étroitesse
du monde matériel, où règnent les valeurs d'échange. Le
héros, pour cela, trouve souvent ses voies les plus nobles
dans le refus, la dissidence, la solitude contemplative où
l'Amour est sanctifié.
Les formes
littéraires engagent donc une
conception particulière de l'héroïsme : on en citera
simplement pour preuve le statut
tout particulier que Victor Hugo a donné à la bataille de
Waterloo dans Les
Misérables : refusant d'en donner, comme Stendhal
(voyez la page L'héroïsme
à l'épreuve du roman),
une image romanesque, c'est-à-dire soumise à la perception des
personnages, il s'engage,
au début de la deuxième partie, dans une digression
véritablement épique qui fait fi
des lois du roman et apparaît justement comme une greffe
maladroite. C'est dire aussi que
l'époque ne suffit pas à expliquer, elle seule, les mutations
des valeurs héroïques,
même s'il n'est pas question de négliger l'aspect historique
de la notion. Les
œuvres savent nous y engager, bien sûr, et l'on pourra
utilement y observer
l'évolution de cette typologie que nous nous employons
maintenant à définir.
L'héroïsme doit aussi être
envisagé comme thème. A ce propos, les
dictionnaires fournissent un utile
point de départ :
héros
:
•
1361; lat. heros, du gr. hêrôs
1¨ Mythol.
antiq.
Þ
demi-dieu. Nom
donné dans Homère aux hommes d'un courage et
d'un mérite supérieur, favoris particuliers
des dieux, et dans Hésiode à ceux qu'on disait
fils d'un dieu et d'une mortelle ou d'une
déesse et d'un mortel. —
Il fallait, chez les Grecs, être mort
pour être reconnu
héros, c’est-à-dire objet d’un culte
(le mot héros ,
qui désigne un mort détenteur d’un potentiel
vital exceptionnel, est d’origine crétoise).
Le terme "héros" s'applique à des êtres
demi-légendaires, appartenant à un lointain
passé, mais considérés comme supérieurs et
objets, à l'instar des dieux, d'un culte
spécial.. Dans le Ménon
(81c), Platon, citant Pindare,
considère que les héros sont ceux qui
ont droit à une dernière vie privilégiée
avant la délivrance finale de l'âme.
2¨
Fig.
Ceux
qui se distinguent par une valeur
extraordinaire ou des succès éclatants à
la guerre. — "Il semble que le
héros est d'un seul métier, qui est celui
de la guerre, et que le grand homme est de
tous les métiers, ou de la robe, ou de
l'épée, ou du cabinet, ou de la cour " (La
Bruyère).
3¨ Tout
homme
qui se distingue par la force du
caractère, la grandeur d'âme, une haute
vertu. —
"On peut être héros sans ravager la
terre." (Boileau).
©
Petit Robert
- Voir
aussi la définition du TLFi.
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S'aidant de ces définitions, on pourra
commencer à tenter de
répondre à une question fondamentale relative aux rapports
entre le héroïsme et
l'humain : exaltant les valeurs de l'humanité, le héros
reste-t-il humain ? Comment nos
trois oeuvres, qui touchent, d'une manière ou d'une autre, à
la geste guerrière
concilient-elles l'énergie voire la démesure qu'elle requiert
avec les valeurs
héroïques ? Réfléchissant à propos de l'Iliade à la
"source
grecque", voici ce qu'écrit Simone Weil :
"Le vrai héros, le vrai sujet, le centre de l'Iliade,
c'est la force. La force qui est maniée par les
hommes, la force qui soumet les hommes, la force
devant quoi la chair des hommes se rétracte.
[...] Le fort n'est jamais absolument fort, ni
le faible absolument faible, mais l'un et
l'autre l'ignorent. Ils ne se croient pas de la
même espèce; ni le faible ne se regarde comme le
semblable du fort, ni il n'est regardé comme
tel. Celui qui possède la force marche dans un
milieu non résistant, sans que rien, dans la
matière humaine autour de lui, soit de nature à
susciter entre l'élan et l'acte ce bref
intervalle où se loge la pensée. Où la pensée
n'a pas de place, la justice ni la prudence n'en
ont. C'est pourquoi ces hommes armés agissent
durement et follement. Leur arme s'enfonce dans
un ennemi désarmé qui est à leurs genoux; ils
triomphent d'un mourant en lui décrivant les
outrages que son corps va subir; Achille égorge
douze adolescents troyens sur le bûcher de
Patrocle aussi naturellement que nous coupons
des fleurs pour une tombe. En usant de leur
pouvoir, ils ne se doutent jamais que les
conséquences de leurs actes les feront plier à
leur tour.[...]
Ce châtiment d'une rigueur géométrique,
qui punit automatiquement l'abus de la force,
fut l'objet premier de la méditation chez les
Grecs. Il constitue l'âme de l'épopée. [...] Un
usage modéré de la force, qui seul permettrait
d'échapper à l'engrenage, demanderait une vertu
plus qu'humaine, aussi rare qu'une constante
dignité dans la faiblesse."
Simone Weil, La
source grecque © Gallimard 1953.
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Cette vertu, cette dignité,
c'est aussi d'elles que parle
J.J. Rousseau
lorsqu'il se demande quelle est la
vertu qui fait les héros et qu'il répond en désignant la
"force de l'âme".
Si celle-ci peut générer les plus nobles élans et fortifier
les plus âpres
résistances, la barbarie dont parle Simone Weil en paraît
toujours exclue. Une phrase,
pourtant, de Saint-Exupéry nous revient en mémoire qui évoque
la survie héroïque du
pilote perdu dans la nature : "Ce que j'ai fait, aucune bête
ne l'aurait fait."
L'épopée permet-elle de semblables ouvertures aux
considérations éthiques
qu'autoriserait la représentation d'actions où les héros sont
des individus toujours
maître de leurs choix ?
On ne
saurait limiter le domaine du héros aux champs de bataille :
Rousseau élimine d'emblée
la bravoure guerrière dans son examen des vertus qui font le
héros et Hegel faisait
justement remarquer que, dans les douze travaux d'Hercule,
figure le nettoyage des
écuries d'Augias. Voltaire, pour sa part, affirmait sa nette
préférence pour le
"grand homme" et laissait le vocable "héros" aux "saccageurs
de
provinces" :
J’aimerais
mieux des détails sur Racine et Despréaux, sur
Quinault, Lulli, Molière, Le Brun, Bossuet,
Poussin, Descartes etc., que sur la bataille de
Steinkerque. Il ne reste plus rien que le nom de
ceux qui ont conduit les bataillons et les
escadrons ; il ne revient rien au genre
humain de cent batailles données ; mais les
grands hommes dont je vous parle ont préparé des
plaisirs purs et durables aux hommes qui ne sont
pas encore nés. Une écluse du canal qui joint
les deux mers, un tableau du Poussin, une belle
tragédie, une vérité découverte sont des choses
mille fois plus précieuses que toutes les
relations de campagnes ; vous savez que
chez moi les grands hommes sont les premiers et
les héros les derniers. J’appelle grands hommes
tous ceux qui ont excellé dans l’utile ou dans
l’agréable. Les saccageurs de provinces ne sont
que des héros.
Voltaire, à Thieriot, 15
juillet 1735.
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On pourrait certes dans nos trois
œuvres mesurer le
véritable héroïsme à l'instant où le guerrier farouche apaise
son ardeur (que l'on
songe à Achille). Ce serait cependant ignorer comment la
guerre est l'occasion unique
d'un dépassement de soi qui pourrait constituer une définition
possible de l'héroïsme.
Nous tenterons pour notre part une définition qui validera les
thèses que vous trouverez
dans les pages que nous consacrons à l'Iliade : le
héros est celui qui
incarne parfaitement son temps. Il n'en manifeste
pas forcément les valeurs
objectives, pour ne pas dire les modes, vertu qui ferait de
lui un modèle aimable et
parfaitement assimilé (le duc de Nemours de La Princesse
de Clèves...), alors
qu'au contraire le héros se signale souvent à ses
contemporains par une différence
insolente ! C'est plus loin qu'il nous faut chercher cette
"âme du monde" dont
parle Hegel : au-delà de la simple succession des événements,
l'Histoire est faite
d'une trame qui n'affleure à la surface des choses que grâce
au degré supérieur de
conscience et de liberté que manifestent ceux que nous
appellerons héros. Lorsqu'ils
apparaissent, investis d'un certain pouvoir ou d'une certaine
énergie, les rêves, les
espoirs longtemps enfouis dans le psychisme collectif
parviennent à leur éclosion.
S'inspirant des analyses de Hegel dans La
Raison
dans l'Histoire, André Breton peut ainsi écrire :
Je pense de plus en plus que "l'Histoire", telle
qu'elle s'écrit, est un tissu de dangereux
enfantillages, tendant à nous faire prendre pour
la réalité des événements ce qui n'en est que la
projection extérieure, fallacieuse - qui ne tire
son brillant coloris que de l'hémoglobine des
batailles. Vouloir déduire quoi que ce soit
d'une telle histoire est à peu près aussi vain
que de prétendre interpréter le rêve en ne
tenant compte que de son contenu manifeste.
Sous ces faits divers de plus ou moins
grande échelle court une trame qui est tout ce
qui vaudrait la peine d'être démêlé. C'est là
que les mythes s'enchevêtrent depuis le début du
monde et - que les marxistes rigides le
veuillent ou non - qu'ils trouvent le moyen de
composer avec l'"économie" (qui dans une
certaine acception moderne est peut-être un
mythe, elle aussi).
André Breton, Entretiens,
© Gallimard, 1952.
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Ce « fonds historique secret qui
disparaît derrière la
trame des événements » est précisément ce que le héros a
charge d'incarner et
qui, par exemple, fait d'Achille, au-delà de la barbarie qu'il
peut d'abord manifester,
l'expression parfaite du rêve apollinien de la Grèce
archaïque.
C'est aussi ce qui, pour Hugo,
condamne Napoléon à être vaincu à Waterloo : "Bonaparte
vainqueur à Waterloo, ceci n'était plus dans la loi du
dix-neuvième siècle. Une autre série de faits se
préparait, où Napoléon n'avait plus de place. La mauvaise
volonté des événements s'était annoncée de longue date. Il
était temps que cet homme vaste tombât." (Les
Misérables, I, IX). C'est encore ce
qui empêche le Don
Quichotte de Cervantes d'accéder au statut véritable de
héros. Ses mots, le plus souvent admirables, pour tout ce qui
touche à la mission dont il s'investit, résonnent, certes,
dans le contexte d'un véritable héroïsme :
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"Apprends, ô Sancho,
qu'un homme n'est pas plus qu'un
autre s'il ne fait plus qu'un autre",
lance-t-il à son valet. Et plus loin : "Ami
Sancho ! apprends que je suis né par la volonté du
ciel, dans notre âge de fer, pour y
ressusciter l’âge d’or. C’est à moi que sont
réservés les périls
redoutables, les prouesses éclatantes et les
vaillants exploits. C’est moi, dis-je
encore une fois, qui dois ressusciter les
vingt-cinq de la Table Ronde, les douze de
France et les neuf de la renommée. […] Dors, toi
qui es né pour dormir, et fais ce
que tu voudras ; mais je ferai, moi, ce qui
convient le plus à mes desseins." Mais,
dressé contre "les temps calamiteux de [son] âge",
Don Quichotte se condamne
au psittacisme en prétendant incarner les héros des
vieux romans de chevalerie.
Résolument opposé aux valeurs modernes, et réfugié
dans sa "folie", il
manque l'esprit de son temps et ne nous présente de
son désespoir qu'une image
grotesque. Georg Lukacs a bien analysé le processus
: "Cervantes, écrit-il,
a atteint l'essence la plus profonde de cette
problématique démonique dans son
œuvre littéraire, la nécessité, pour l'héroïsme
pur, de tourner au grotesque,
pour la foi la plus ferme, de se muer en folie,
dès lors que les voies qui conduisent à
sa patrie transcendantale sont devenues
impraticables, l'impossibilité que la plus pure,
la plus héroïque évidence subjective corresponde
au réel effectif." (Théories du
roman). Mais les valeurs mercantiles, dont la
Renaissance inaugure la souveraineté,
ne rendent pas tout héroïsme impossible : elles en
déplacent seulement la nature, et
Don Quichotte n'est pas un héros positif faute d'avoir
épousé ce déplacement.
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Car si l'exemple du héros a une vertu
pédagogique, ce n'est pas tant par ses
exploits - souvent décourageants au contraire pour le simple
mortel - que par le miroir
qu'il nous renvoie et l'appel qu'il nous lance - fût-ce dans
sa propre chute - pour mieux
vivre dans notre temps et aller de l'avant. A la lumière de
cette
"cristallisation" des forces profondes des époques opérée par
le héros, on
comprendra peut-être mieux pourquoi on a pu faire une
utilisation pléthorique du mot, au
cinéma, dans la bande dessinée, l'aventure ou le sport, sans
que, fondamentalement,
s'altèrent ses vertus archétypales.
LES
VERTUS DU HÉROS
Lire
sur ce site :
Discours sur la
vertu du
héros de Jean-Jacques Rousseau.
Dans son article consacré aux héros et aux idoles (Encyclopaedia
Universalis), Violette Morin considère, à partir du
modèle d'Achille, que le héros est fait de quatre vertus :
noblesse, expansion vitale, action créatrice, ardeur
généreuse.
Pendant toutes les années où, sans le savoir, il est victime
du Destin, Œdipe ne saurait être considéré comme un héros.
Il ne le devient que lorsqu'il a enfin reconnu la Fatalité
qui l'accable et qu'il l'affronte dignement. En ce sens, la
lucidité est inséparable de l'héroïsme. Non que le héros
soit toujours responsable de ses actes, mais il n'est jamais
agi aveuglément. Ainsi les Romantiques pourront proposer du
héros une image vivante de faiblesse humaine capable de se
reconnaître et de se retourner contre elle-même dans un
geste poignant de liberté désespérée. C'est pour cela que
nous pouvons considérer comme héroïques des personnages dont
la moralité pourrait paraître douteuse : Don
Juan, le chevalier des Grieux dans Manon
Lescaut de l'abbé Prévost, le Valmont des Liaisons
dangereuses... Leurs actes, si infâmes
qu'ils puissent paraître, obéissent au moins à une volonté
qui leur fait affirmer des valeurs authentiques dressées
contre tous les conformismes. Le héros a toujours, en
quelque manière, le "panache" de Cyrano : capable de choisir
le chemin des crêtes quand tout invite à se contenter des
routes balisées, il affirme dans le Bien comme dans le Mal
la même intransigeance quant à des valeurs qui - il le sait
- le perdront pourtant. On pourra alors parler d'"antihéros",
comme le cinéma américain nous a fait parler de "loser".
Mais l'échec même de ce type d'entreprise est exemplaire et
ajoute à notre admiration la connivence du pathétique. Car
le héros n'est jamais figé : capable de secrètes failles, il
est toujours susceptible d'être ému par des faiblesses qui
nous rappellent qu'il ne saurait exister de héros érigés
contre l'humain : Don Juan donne au Pauvre le louis d'or qui
n'a pas réussi à le corrompre; Valmont s'incline devant la
véritable vertu; Achille finit par rendre à Priam éploré le
corps d'Hector parce qu'il pense à son propre père.
Il y a toujours, dans la figure du héros, quelque chose de
solaire. Il se révèle au monde par des exploits éclatants
qu'il doit à la fougue de sa jeunesse. Le héros est toujours
un peu Jésus parmi les docteurs : cette "épiphanie héroïque"
se manifeste souvent par l'insolence contre le chef, voire
contre le père (que l'on songe au mythe gaullien), la
rébellion ouverte contre les modèles figés imposés par
l'autorité.
Je ne veux point diminuer la nature humaine;
elle me plaît ainsi, s'élevant d'un mouvement
sûr au-dessus du devoir le plus pénible.
Dompteuse essentiellement; mais dompteuse de
quoi ? De tout ce qui s'impose et menace; au
fond toujours dompteuse d'elle-même. Cette
générosité définit l'homme. Pris sur cette
planète, considéré en ses actes et en ses
œuvres, c'est un animal dominateur; la pensée
n'est qu'un des effets de cette force d'âme, et
même, j'en conviens, subordonné.
L'homme veut, organise, réalise.
Continuellement il invente; il tend là; tout le
reste l'ennuie. Aussi vos molles et ennuyeuses
pensées ne le terminent point. Vous ne le tenez
point, en aucune manière, ni dans vos doctrines,
ni dans vos griffes. Ce sacrifice d'après
l'ordre, cette force dans le danger, cette
allégresse dans l'action difficile, vous les
retrouverez dans un incendie, dans un naufrage,
dans une peste; où cependant je ne vois point de
haine, ni même de colère. Oui, pour sauver son
ennemi, le même courage, dès qu'il entreprend la
chose. Dans le temps d'un éclair il se décide :
il ne pense point en arrière, comme vous faites
toujours, vous spectateur; il pense en avant,
partant de ce qu'il a voulu. Sauvetage, révolte
ou guerre, cela n'importe plus dès qu'il a
commencé. Il pense le danger; le reste est de
peu; si l'obstacle est humain, malheur à
l'obstacle.
Alain, Mars
ou la guerre jugée, De l'héroïsme, ©
Gallimard, 1936.
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Car le psychanalyste pourra parler de "fixation au stade
phallique" : si le héros est souvent le sauveur de tout un
peuple, il est aussi guetté par l'ivresse de sa puissance et
la démesure de sa mégalomanie. En ce sens l'orgueil
d'Achille est sévèrement puni par la mort du "double"
Patrocle, qui le rend à sa mission et lui fait accepter sa
propre mort.
Dans Les
deux sources de la morale et de la religion,
Henri Bergson oppose une morale de l'obligation naturelle,
qui fait que nous obéissons impersonnellement à nos devoirs
sociaux, à une "morale complète et absolue" qui se
caractérise par le choix individuel de modèles : le héros
est ainsi celui qui exerce sur nous un véritable "appel".
Pourquoi les saints ont-ils laissé des
imitateurs et pourquoi les grands hommes de bien
ont-ils entraîné derrière eux des foules ? Ils
ne demandent rien, et pourtant ils obtiennent.
Ils n'ont pas besoin d'exhorter; ils n'ont qu'à
exister; leur existence est un appel. Car tel
est bien le caractère de cette autre morale.
Tandis que l'obligation naturelle est pression
ou poussée, dans la morale complète et parfaite
il y a un appel.
La nature de cet appel-là, ceux-là
seuls l'ont connue entièrement qui se sont
trouvés en présence d'une grande personnalité
morale. Mais chacun de nous, à des heures où ses
maximes habituelles de conduite lui paraissaient
insuffisantes, s'est demandé ce que tel ou tel
eût attendu de lui en pareille occasion. Ce
pouvait être un parent, un ami, que nous
évoquions ainsi par la pensée. Mais ce pouvait
aussi bien être un homme que nous n'avions
jamais rencontré, dont on nous avait simplement
raconté la vie, et au jugement duquel nous
soumettions alors en imagination notre conduite,
redoutant de lui un blâme, fiers de son
approbation. Ce pouvait même être, tirée du fond
de l'âme à la lumière de la conscience, une
personnalité qui naissait en nous, que nous
sentions capable de nous envahir tout entiers
plus tard, et à laquelle nous voulions nous
attacher pour le moment comme fait le disciple
au maître. A vrai dire, cette personnalité se
dessine du jour où l'on a adopté un modèle : le
désir de ressembler, qui est idéalement
générateur d'une forme à prendre, est déjà
ressemblance; la parole qu'on fera sienne est
celle dont on a entendu en soi un écho. [...]
D'où lui vient sa force ? Quel est
le principe d'action qui succède ici à
l'obligation naturelle ou plutôt qui finit par
l'absorber ? [...] Au-dessus des devoirs bien
nets [de la morale sociale] nous aimons à nous
en représenter d'autres plutôt flous, qui s'y
superposeraient. Dévouement, don de soi, esprit
de sacrifice, charité, tels sont les mots que
nous prononçons quand nous pensons à eux. Mais
pensons-nous alors, le plus souvent, à autre
chose qu'à des mots ? Non, sans doute, et nous
nous en rendons bien compte. Seulement il
suffit, disons-nous, que la formule soit là;
elle prendra tout son sens, l'idée qui viendra
la remplir se fera agissante, quand une occasion
se présentera. Il est vrai que pour
beaucoup l'occasion ne se présentera pas, ou
l'action sera remise à plus tard. Chez certains
la volonté s'ébranlera bien un peu, mais si peu
que la secousse reçue pourra en effet être
attribuée à la seule dilatation du devoir
social, élargi et affaibli en devoir humain.
Mais que les formules se remplissent de matière
et que la matière s'anime : c'est une vie
nouvelle qui s'annonce; nous comprenons, nous
sentons qu'une autre morale survient.
Henri Bergson, Les
deux sources de la morale et de la religion,
1932 © PUF
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Bergson peut ainsi opposer à l'attitude "close" de la simple
obéissance, une autre attitude qui est celle de "l'âme
ouverte" : "si l'on disait qu'elle embrasse l'humanité
entière, on n'irait pas trop loin, on n'irait même pas assez
loin, puisque son amour s'étendra aux animaux, aux plantes,
à toute la nature."
Dans le Cratyle (398c), Platon considère que la
racine du mot héros (hêrôs)
est de la même origine que celle qui désigne l'amour (êrôs).
Il précise sa pensée dans Le Banquet (179c) en
racontant l'histoire d'Alceste, fille de Pélias, qui
consentit à mourir pour son époux :
Parmi tant d'hommes, auteurs de tant de belles
actions, on compterait aisément ceux dont les
dieux ont rappelé l'âme de l'Hadès : ils
rappelèrent pourtant celle d'Alceste par
admiration pour son héroïsme : tant les dieux
mêmes estiment le dévouement et la vertu qui
viennent de l'amour !
Au contraire, ils renvoyèrent de
l'Hadès Orphée, fils d' Œagros, sans rien lui
accorder, et ils ne lui montrèrent qu'un
fantôme de la femme qu'il était venu chercher,
au lieu de lui donner la femme elle-même,
parce que, n'étant qu'un joueur de cithare, il
montra peu de courage et n'eut pas le
cœur de mourir pour son amour, comme
Alceste, et chercha le moyen de pénétrer
vivant dans l'Hadès; aussi les dieux lui
firent payer sa lâcheté et le firent mettre à
mort par des femmes. Au contraire, ils ont
honoré Achille, fils de Thétis, et l'ont
envoyé dans les îles des Bienheureux parce
que, prévenu par sa mère qu'il mourrait s'il
tuait Hector, et qu'il reverrait son pays s'il
ne le tuait pas, et y finirait sa vie, chargé
d'années, il préféra résolument secourir son
amant, Patrocle, et non seulement mourir pour
le venger, mais encore mourir sur son corps.
Aussi les dieux charmés l'ont-ils honoré
par-dessus tous les hommes, pour avoir mis à
si haut prix son amant.
Platon, Le
Banquet, 180c.
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Ainsi l'héroïsme est geste
d'amour, ce qui explique qu'il se manifeste si souvent par
le sacrifice. On rassemblera
facilement sous cette bannière tous les héros du combat
humanitaire, parfois opposés
aux institutions qui auraient dû les soutenir. Car, là
encore, il ne saurait être
question d'héroïsme sans cette volonté d'être fidèle à soi
en dépit de tout, et de
fuir les mangeoires où se satisfait le gros du troupeau.
Si l'on veut bien convenir que le
héros se situe toujours à l'intérieur d'un combat dans
lequel, toujours, il trouve une
occasion de se dépasser, ses vertus restent cependant
diverses et même
antagonistes : une vision rationaliste (Corneille,
Kant, Rousseau) place
l'héroïsme dans la maîtrise de soi, l'obéissance vertueuse à
une obligation morale
contre l'égoïsme et le caractère déréglé des passions,
tandis qu'une vision
romantique (Stendhal, Hegel) fait du héros un
être énergique et passionné,
habité par une mission personnelle.
Ce rapide tableau
permettra peut-être de préciser ces formes diverses et les
registres qu'elles peuvent
prendre, à défaut de proposer une unité qui reste problématique
:
TYPES |
CARACTÈRES |
EXEMPLES |
Le héros
épique
|
Issu d'une
lignée divine ou aristocratique, il est avant
tout un guerrier et promis à une mort précoce.
Force de l'âme et noblesse peuvent
s'accompagner d' orgueil, de barbarie.
|
Iliade
: Achille - Hector
La Chanson de Roland |
Le
héros tragique
|
Marqué par
un destin acharné à le perdre, il trouve dans
le bien comme dans le mal, dans la victoire
comme dans la défaite, une énergie hautaine
pour préserver son sens de l'honneur.
|
Corneille : Le
Cid, Polyeucte
|
L'homme de
bien
|
Personnalité
sociale et pacifique. Action créatrice,
ardeur généreuse, sacrifice.
|
Camus, La
peste
|
L'aventurier
|
Individu
solitaire, il fuit les modèles sociaux au
profit d'une quête métaphysique. Expansion
vitale, rébellion contre la société, aspect
suicidaire.
|
Saint-Exupéry,
Terre des hommes
Malraux, La voie royale.
|
Le héros
romantique
|
Homme de
passion, avide de dépassement, animé d'une
tentation d'exister. Énergie, authenticité
s'accompagnent d'orgueil, d'individualisme et
d'une tentation suicidaire.
|
Musset, Lorenzaccio
Stendhal Le Rouge et le Noir,
La
Chartreuse de Parme.
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Au concours Mines-Ponts 2001, était proposée la distinction
établie par Pierre-Henri Simon dans Le domaine héroïque
des lettres françaises (1963) : «
Originellement et dans sa définition la
plus stricte, le héros est un être fort, de naissance
noble et quasi divine, et que son courage et la grandeur
de ses actes élèvent au-dessus de la foule. A sa gauche –
du côté du cœur, de l’amour, de la bonté – marche le grand
homme, bienfaisant, béni par les peuples, couvert de
décorations et de couronnes. A sa droite – du côté de la
main qui tient l’épée ou le sceptre – avance le surhomme,
hautain, solitaire, incommode et souvent haïssable. Leurs
rapports ne sont pas toujours simples ; il arrive que
leurs directions se recoupent et que leurs pas se mêlent ;
il arrive aussi qu’ils se contredisent et se combattent ;
mais ils ont en commun une vertu vitale, l’énergie, et une
vertu morale, le goût de la grandeur ; ils sont actifs et
courageux.»
Ailleurs :
- Héros
(exposition de la BnF).
- L'héroïsme
sur Philo-Prépas (Philagora) par Joseph Llapasset.
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