Gustave Flaubert — L'Éducation sentimentale [1869]
Troisième partie – Chapitre 6
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folio 73r
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mais il eut peur qu'elle ne s'aperçût de cette [illis.]
déception
Il se posa
Il s'écarta . . . alors pr lui cacher cette déception, il s'assit parterre
& prenant
à ses genoux, prit ses mains, & se mit à lui dire le plus de douceurs
dans les siennes des tendresses
qu'il put.
— Pendant plusieurs années j'ai vécu dans une absorption de vous, croissante
Votre personne
& profonde. Vos moindres mouvements me semblaient avoir dans
Les ondulations de votre robe changeaient
le monde une importance extrahumaine & que vous changiez l'air autour
l'atmosphère autour de vous les ondulations de votre
de vous. Quand vous passiez près de moi un soulèvement
tout mon être
de mon coeur . . . . . .
permanente, un rêve
votre robe bleue [illis.] ...
C'était une absorption un rêve
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
un enchantement continu. Vous me faisiez l'effet d'un clair de lune
& penche
par une nuit d'été, quand la forme des fleurs se prolonge sur le
. . . .
gazon, que les sources murmurent dans le mystère des feuilles
mais non !
que tout est parfums, ombres douces, blancheur, infini mais je |
de la chair
délices du corps
& les aspirations d'idéal
& les voluptés de
& de l'âme étaient
comprises
contenues dans
pr moi dans un seul
mot, dans votre nom ! –
que je me répétais seul la
en tâchant de le baiser
nuit comme les secrets*
en extase. Je le baisais
sur m mes lèvres
balbutiantes
pas même la
je n'imaginais aucune
pas même la plus petite
modification à votre
[illis.]
vous m'apparaissiez dans
entière
la plénitude de votre réalité !
me suffisait Je n'imaginais*
rien de plus, je ne convoitais
rien de plus. Je
n'imaginais
rien de mieux.
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se contenait
me trompe aucune comparaison n'était possible tout se résumait
s'exprimait
votre nom que je me répétais
pr moi, dans un seul mot que je me répétais « Me Arnoux » Car
vous voyais
C'était votre & je ne le rêvais pas autrement qu'elle n'était –
sa
dans votre maison avec ses deux enfants, sérieuse & tendre, belle
avec son entourage cette
Je n'imaginais rien de plus
que cette la femme telle qu'elle était dans son [illis.]
la même que vous étiez alors
qq fussent les autres
comme la lumière, & si bonne ! Aucune n'existait près de vous
est-ce que seulement
je n’y songeais même pas
votre image quelqu'elles fussent les écrasait toutes – toujours devant
vos j'avais pr me m'en garder
moi & la splendeur de ces yeux ! » de leur séduction les
spl le son de votre
la musique
de votre voix A
Elle aspirait, humait tout cela avec délices confondant
élancements d'amour
hommages adressés pourtant
le passé avec le présent, sans faire attention que ça concernait
lui-même
la femme qu'elle n'était plus. & Frédéric se grisant par
Le passé se mêlait au présent
ses propres paroles, était arrivé à croire ce qu'il disait.
Elle se pen tenait penchée vers lui, par hasard
– Me Arnoux avait par hasard le dos tourné à la
elle se penchait vers lui
lumière son contact. elle sourit, l'ancienne fossette
se tenait . . . . son contact
elle s'était penchée sur lui
reparut. ses prunelles humides & ardentes . . . les
l'ancienne passion reflamba, & le souffle sur son front. –
La pointe
anciennes flammes reparurent . . . Le bout de
défaillance
sa bottine dépassait le bord de sa robe. – Il murmura
un peu
à son oreille. |
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Danielle GIRARD |
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