Gustave Flaubert — L'Éducation sentimentale [1869]
Troisième partie – Chapitre 6
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folio
75r
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476. |
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Mais il eut peur qu'elle ne s'aperçût de cette déception. Il se posa par terre à
ses genoux, & prenant ses mains se mit à lui dire des tendresses.
— Votre personne, vos moindres mouvements me semblaient avoir dans le monde
une importance extrahumaine [ Les ondulations de votre robe changeaient
l’atmosphère autour de vous. c'était une absorption permanente,] un enchantement |
mon cœur
comme de la
poussière se soulevait
derrière vos pas |
pr la suivre
mon cœur [illis.]se soulevait sur son derrière vos pas.
Vous me faisiez l'effet d'un clair de lune par une nuit d'été quand la
forme des fleurs se prolonge sur le gazon, que les sources murmurent dans
le mystère des feuilles, que tout est parfum, ombres douces, blancheur, infini
2 1 contenues
– & les délices de la chair & de l'âme étaient comprises pr moi dans un seul
dans le mot
seul
mot dans votre nom, que je me répétais seul, la nuit, en tâchant
de le baiser sur mes lèvres balbutiantes ! La plénitude* entière de la réalité
je n'imaginais même pas. C'était Me Arnoux
au-delà qui pût |
dépasser |
me suffisait]. je [illis.] rien de plus. je n'imaginais rien de mieux
comme telle que vous étiez comme je vous la voyais
que cette femme telle que vous étiez, dans sa maison, avec ses deux
comme tous les jours elle [illis.] plus belle que la
enfants, sérieuse & tendre, belle comme la lumière & si bonne !
Toutes les autres s'effaçaient devant cette image
qq quelques fussent les autres, votre image les écrasait. Est-ce que j’y
puisque je gardais
pensais, seulement ! j'avais pr m'en garder, la musique de votre voix
toujours . . . .
& le rayonnemt
& la splendeur de vos yeux. » |
il sentait sur son front
comme un baiser
la caresse de son hal
[illis.]
penché vers lui elle
plongeait dans les siens
ils se turent
ses prunelles ardentes
Il
sa tête s'en alla sur
ses genoux
sous la caresse de son
haleine, le caressait
d’un bras
ses membres
le contact de son corps
amorti par ses
vêtements
à travers ses
les membres à travers
à travers ses
leurs vêtements
le touchaient
le contact indécis*
de tout son corps. |
élancements du cœur
acceptait avec ravissemt ces adorations adorations
humait protestations
Elle aspirait . . . . élancements d’amour adressés à
pr s'enivrait
pourtant à la femme qu'elle n'était plus. – & Frédéric se grisant
par ses propres
était
arrivé à croire ce qu'il disait
les fièvres d'autrefois se confondaient avec les mélancolies
d'aujourd'hui
lui-même par ses propres paroles était arrivé à croire ce qu'il
Fr se grisait le présent, les souvenirs & les [illis.]
les souvenirs & les se confondaient
disait & le passé se mêlait au présent. Me Arnoux, (le dos
plongeait dans les siennes
tourné à la lumière) se penchait/chant vers lui ses prunelles
[illis.]
Il sentait sur sur le front & il sentait
ardentes & humides . . . son souffle . . . son contact –
Le souffle de sa poitrine dans la certitude d'être aimé l'empl
l'ancienne passion reflamba . . . une langueur le prit
spasme
& la tête sur ses genoux
s'avançait un peu sous
la pointe de sa bottine dépassait le bord de sa robe, il mit la tête
il lui dit à l'oreille
murmura presque défaillant il murmur
— La vue de votre pied me trouble »
les fièvres d'autrefois
Le passé le présent & les langueurs d'aujourd'hui
tout
se confondaient – leurs mains se
l'assurance
serraient. & la certitude d'être aimé lui donnait
était
un avant-goût de la possession
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Danielle GIRARD |
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