composer
La synthèse de documents exige une composition
rigoureuse. Quel que soit le type de plan choisi, la rédaction du développement
tâchera de marquer soigneusement ses différentes étapes et de ne jamais perdre
de vue la référence aux documents du corpus.
Vous trouverez ci-dessous une proposition de synthèse partiellement
rédigée et commentée autour de ces quatre documents relatifs au fanatisme :
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document 1 : Voltaire, article «
Fanatisme », Dictionnaire Philosophique, (1764)
- document 2 : Emile-Michel Cioran, Tyran ou martyr, Précis de décomposition,
(1949)
- document 3 : François Jacob, La science en question, Le jeu des possibles,
(1982)
- document 4 : Bernard Poulet, La démocratie antidote du fanatisme, «
L'Événement du jeudi », (1989).
1
Le fanatisme est
à la superstition ce que le transport est à la fièvre, ce que la rage est
à la colère. Celui qui a des extases, des visions, qui prend des songes
pour des réalités et ses imaginations pour des prophéties, est un
enthousiaste; celui qui soutient sa folie par le meurtre est un fanatique.
[Jean] Diaz, retiré à Nuremberg, qui était fermement convaincu que le pape
est l'Antéchrist de l'Apocalypse, et qu’il a le signe de la bête, n’était
qu'un enthousiaste; son frère, Barthélemy Diaz, qui partit de Rome pour
aller assassiner saintement son frère, et qui le tua en effet pour l'amour
de Dieu, était un des plus abominables fanatiques que la superstition ait
pu jamais former.
Polyeucte, qui va au temple, dans un jour de solennité, renverser et
casser les statues et les ornements, est un fanatique moins horrible que
Diaz, mais non moins sot. Les assassins du duc François de Guise, de
Guillaume, prince d'Orange, du roi Henri III et du roi Henri IV, et de
tant d'autres, étaient des énergumènes malades de la même rage que Diaz.
Le plus détestable exemple de fanatisme est celui des bourgeois de Paris
qui coururent assassiner, égorger, jeter par les fenêtres, mettre en
pièces, la nuit de la Saint-Barthélemy, leurs concitoyens qui n'allaient
point à la messe.
Il y a des fanatiques de sang-froid : ce sont les juges qui
condamnent à la mort ceux qui n'ont d'autre crime que de ne pas penser
comme eux; et ces juges-là sont d'autant plus coupables, d’autant plus
dignes de l'exécration du genre humain que, n'étant pas dans un accès de
fureur, comme les Clément, les Châtel, les Ravaillac, les Gérard, les
Damiens, il semble qu’ils pourraient écouter la raison. Lorsqu’une fois le
fanatisme a gangrené un cerveau, la maladie est presque incurable. J'ai vu
des convulsionnaires qui, en parlant des miracles de saint Pâris,
s'échauffaient par degrés malgré eux: leurs yeux s'enflammaient, leurs
membres tremblaient, la fureur défigurait leur visage, et ils auraient tué
quiconque les eût contredits.
Il n'y a d'autre remède à cette maladie épidémique que l'esprit
philosophique, qui, répandu de proche en proche, adoucit enfin les mœurs
des hommes, et qui prévient les accès du mal; car, dès que ce mal fait des
progrès, il faut fuir, et attendre que l'air soit purifié. Les lois et la
religion ne suffisent pas contre la peste des âmes; la religion, loin
d'être pour elles un aliment salutaire, se tourne en poison dans les
cerveaux infectés. [...]
Les lois sont encore très impuissantes contre ces accès de rage : c’est
comme si vous lisiez un arrêt du conseil à un frénétique Ces gens là sont
persuadés que l'esprit saint qui les pénètre est au-dessus des lois, que
leur enthousiasme est la seule loi qu’ils doivent entendre.
Que répondre à un homme qui vous dit qu’il aime mieux obéir à Dieu qu'aux
hommes, et qui, en conséquence, est sûr de mériter le ciel en vous
égorgeant ?
Voltaire, Dictionnaire
Philosophique, article « Fanatisme », 1764.
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2
Lorsqu'on se refuse à admettre le caractère interchangeable des idées, le
sang coule... Sous les résolutions fermes se dresse un poignard ; les yeux
enflammés présagent le meurtre. Jamais esprit hésitant, atteint
d'hamlétisme ne fut pernicieux : le principe du mal réside dans la tension
de la volonté, dans l'inaptitude au quiétisme, dans la mégalomanie
prométhéenne d'une race qui crève d'idéal, qui éclate sous ses convictions
et qui, pour s'être complu à bafouer le doute et la paresse - vices plus
nobles que toutes ses vertus - s'est engagée dans une voie de perdition,
dans l'histoire, dans ce mélange indécent de banalité et d'apocalypse...
Les certitudes y abondent : supprimez-les, supprimez surtout leurs
conséquences : vous reconstituez le Paradis. Qu'est-ce que la Chute sinon
la poursuite d'une vérité et l'assurance de l'avoir trouvée, la passion
pour un dogme, l'établissement dans un dogme ? Le fanatisme en résulte -
tare capitale qui donne à l'homme le goût de l'efficacité, de la
prophétie, de la terreur -, lèpre lyrique par laquelle il contamine les
âmes, les soumet, les broie ou les exalte... N'y échappent que les
sceptiques (ou les fainéants et les esthètes), parce qu'ils ne proposent
rien, parce que - vrais bienfaiteurs de l'humanité - ils en détruisent les
partis pris et en analysent le délire. [...]
Il me suffit d'entendre quelqu'un parler sincèrement d'idéal,
d'avenir, de philosophie, de l'entendre dire "nous" avec une inflexion
d'assurance, d'invoquer les "autres" et s'en estimer l'interprète - pour
que je le considère comme mon ennemi. J'y vois un tyran manqué, un
bourreau approximatif, aussi haïssable que les tyrans, que les bourreaux
de grande classe. C'est que toute foi exerce une forme de terreur,
d'autant plus effroyable que les "purs" en sont les agents. On se méfie
des finauds, des fripons, des farceurs; pourtant on ne saurait leur
imputer aucune des grandes convulsions de l'Histoire; ne croyant en rien,
ils ne fouillent pas vos cœurs, ni vos arrière-pensées : ils vous
abandonnent à votre nonchalance, à votre désespoir ou à votre inutilité;
l'humanité leur doit le peu de moments de prospérité qu'elle connut. Ce
sont eux qui sauvent les peuples que les fanatiques torturent et que les
"idéalistes" ruinent. Sans doctrine, ils n'ont que des caprices et des
intérêts, des vices accommodants, mille fois plus supportables que les
ravages provoqués par le despotisme à principes; car tous les maux de la
vie viennent d'une "conception de la vie". Un homme politique accompli
devrait approfondir les sophistes anciens et prendre des leçons de chant -
et de corruption...
Le fanatique, lui, est incorruptible : si pour une idée il tue, il
peut tout aussi bien se faire tuer pour elle; dans les deux cas, tyran ou
martyr, c'est un monstre. Point d'êtres plus dangereux que ceux qui ont
souffert pour une croyance : les grands persécuteurs se recrutent parmi
les martyrs auxquels on n’a pas coupé la tête. Loin de diminuer l'appétit
de puissance, la souffrance l'exaspère; aussi l'esprit se sent-il plus à
l'aise dans la société d'un fanfaron que dans celle d'un martyr; et rien
ne lui répugne tant que ce spectacle où l'on meurt pour une idée...
Emile M. Cioran, Précis de
décomposition, 1949.
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3
Il y a belle lurette que les scientifiques ont renoncé à l'idée d'une
vérité ultime et intangible, image exacte d'une « réalité » qui attendrait
au coin de la rue d'être dévoilée. Ils savent maintenant devoir se
contenter du partiel et du provisoire. Une telle démarche procède souvent
à l'encontre de la pente naturelle à l'esprit humain qui réclame unité et
cohérence dans sa représentation du monde sous ses aspects les plus
divers. De fait, ce conflit, entre l'universel et le local, entre
l'éternel et le provisoire, on le voit périodiquement réapparaître dans
une série de polémiques opposant ceux qui refusent une vision totale et
imposée du monde à ceux qui ne peuvent s'en passer. Que la vie et l'homme
soient devenus objets de recherche et -non plus de révélation, peu
l'acceptent.
Depuis quelques années, on fait beaucoup de reproches aux
scientifiques. On les accuse d'être sans cœur et sans conscience, de ne
pas s'intéresser au reste de l'humanité; et même d'être des individus
dangereux qui n’hésitent pas à découvrir des moyens de destruction et de
coercition terribles et à s'en servir. C'est leur faire beaucoup
d'honneur. La proportion d'imbéciles et de malfaisants est une constante qu y on retrouve dans tous les échantillons d'une population, chez les
scientifiques comme chez les agents d'assurances, chez les écrivains comme
chez les paysans, chez les prêtres comme chez les hommes politiques. Et
malgré le Dr Frankenstein et le Dr Folamour, les catastrophes de
l'histoire sont le fait moins des scientifiques que des prêtres, et des
hommes politiques.
Car ce n'est pas seulement l'intérêt qui fait s’entretuer les
hommes. C'est aussi le dogmatisme. Rien n’est aussi dangereux que la
certitude d'avoir raison. Rien ne cause autant de destruction que
l'obsession d'une vérité considérée comme absolue. Tous les crimes de
l'histoire sont des conséquences de quelque fanatisme. Tous les massacres
ont été accomplis par vertu, au nom de la religion vraie, du nationalisme
légitime, de la politique idoine, de l'idéologie juste; bref au nom du
combat contre la vérité de l'autre, du combat contre Satan. Cette froideur
et cette objectivité qu'on reproche si souvent aux scientifiques,
peut-être conviennent-elles mieux que la fièvre et la subjectivité pour
traiter certaines affaires humaines. Car ce ne sont pas les idées de la
science qui engendrent les passions. Ce sont les passions qui utilisent la
science pour soutenir leur cause. La science ne conduit pas au racisme et
à la haine. C'est la haine qui en appelle à la science pour justifier son
racisme.
On peut reprocher à certains scientifiques la fougue qu'ils
apportent parfois à défendre leurs idées. Mais aucun génocide n'a encore
été perpétré pour faire triompher une théorie scientifique. À la fin de ce
XXe siècle, il devrait être clair pour chacun qu'aucun système
n'expliquera le monde dans tous ses aspects et tous ses détails. Avoir
contribué à casser l'idée d'une vérité intangible et éternelle n’est
peut-être pas l'un des moindres titres de gloire de la démarche
scientifique.
F. Jacob, Le jeu des possibles,
1982.
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4
Contrairement au doux illuminé, le fanatique est prêt, pour imposer sa
loi, à tuer et à sacrifier sa propre vie. Sa foi dans son dieu, son parti,
son chef, sa patrie, sa famille (la vendetta ne relève-t-elle pas du
fanatisme ?) est exclusive; en même temps qu'elle est quête d'un absolu,
elle est corsetée dans la certitude d'avoir raison, l'imperméabilité à
tout raisonnement critique et ne peut s'accomplir que par la destruction
(ou la conversion) de celui qui pense différemment. Rien d'étonnant, donc,
à ce qu’on ait commencé à parler de fanatisme au siècle des Lumières,
quand la tolérance pointait son nez. Il fallait penser la tolérance pour
pouvoir penser le fanatisme.
Rien d'étonnant non plus à ce que les philosophes aient englobé
tous les monothéismes dans le fanatisme. Car les religions juive,
chrétienne et musulmane ont peut-être, plus que toute autre, chauffé en
leur sein cet égarement : fondées sur une révélation (celle de Moïse, de
Jésus ou de Mahomet), elles veulent désigner la vérité, le chemin du
salut. Elles opposent le « vrai » Dieu aux « faux » dieux, le « peuple de
Dieu » (le peuple juste) aux autres.
Mais aujourd'hui, alors que la ferveur religieuse semblait
s'assoupir, comment expliquer le retour en force des fanatismes ?
justement à cause de cette éclipse du religieux, de ce que certains
auteurs, après Max Weber, appellent le « désenchantement du monde » :
l'effacement des religions comme mode d'explication du monde. Et, plus
largement, la faillite des idéologies. Le terrorisme recrute parmi ceux
que terrorise ce « désenchantement », ceux qui veulent désespérément se
raccrocher à une certitude dans un monde en changement chaotique.
La recherche d'un absolu, d'une foi, de certitudes, de la pureté
(n'oublions pas que, dans la Marseillaise, nous souhaitons « qu'un sang
impur abreuve nos sillons »), d'une vérité pour nous rassurer face à la
mort, au non-sens de l'existence, ne saurait aboutir. D'où tant de
frustrations meurtrières.
Le fanatisme se nourrit du changement, des ébranlements
provoqués par l'histoire récente : les séquelles de la colonisation, les
guerres (Pol Pot aurait-il existé sans la guerre du Vietnam ?), la «
modernisation » brutale (l'Iran ne l'a pas supportée), les crises
économiques, la faillite de tous les modèles de développement. […]
Et aujourd'hui, [il se dresse face à ce qui lui apparaît
comme] la plus inquiétante des évolutions : l'essor de la démocratie. Car
la démocratie, c'est non seulement la tolérance, mais, par essence, la fin
des certitudes, des vérités révélées et éternelles.
La démocratie dans un monde « désenchanté », c'est l'acceptation de
l'autre, de la différence, du doute. Mais la démocratie est également «
perte du sens », qu’il soit religieux ou marxiste. Adieu les explications
globales, les réponses toutes faites. L’homme et les institutions restent
seuls devant leurs responsabilités. Dur ! [...]
La démocratie est comme la science : elle pose plus de questions qu'elle
n’en résout. Le scientifique, comme le démocrate, n’a pas de réponse
préétablie. D'où l'angoisse.
B. Poulet, L’Événement du jeudi,
12/01/1989.
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Les principaux arguments de ces textes vous sont proposés pour classement sur
une autre page, dans un exercice relatif au
plan analytique.
Introduction :
. thème du dossier
. présentation des documents
(non obligatoire )
. problématique
. annonce du plan
Première partie :
les causes
rédigez cette partie
Deuxième partie :
les conséquences
rédigez cette partie
Troisième partie :
les solutions
présentation de la partie
première sous-partie :
niveau psychologique
remarquer les verbes d'opinion
deuxième sous-partie :
niveau collectif
Conclusion :
bilan
ouverture
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Quatre documents entreprennent d'étudier les
ravages du fanatisme. A l'article « Fanatisme » du Dictionnaire
philosophique de Voltaire (1764) s'ajoutent deux extraits d'essais
contemporains - Le Jeu des possibles de François Jacob (1982) et
Précis de décomposition (1949) d'Émile-Michel Cioran - puis un article
de Bernard Poulet tiré de "L'Événement du jeudi" (1989). Ces auteurs
s'attachent à définir les sources du fanatisme dans le contexte politique
et religieux qui est le leur.
Ces documents sont de nature diverse mais
reposent sur une problématique identique : le fanatisme y est toujours
représenté comme une maladie de l'opinion, contre laquelle on se demande
quels remèdes employer.
Nous resterons fidèle à la démarche
analytique qui est souvent celle de ces auteurs : après avoir recensé les
causes du fanatisme et évoqué ses conséquences, nous nous demanderons
quelles sont les solutions proposées.
*
.** **
[- causes
psychologiques :
- le besoin de croire
- le dogmatisme
- causes politiques et religieuses :
- institutions et dogmes
- la religion, terreau du fanatisme]
*
.** **
[- un
fléau épidémique :
- fréquence du vocabulaire médical
- une thérapie problématique
- la loi du meurtre :
- tyrans et martyrs
- l'horreur par l'exemple]
*
.** **
Le fléau du fanatisme
infectant le cervelles humaines à des niveaux irréductibles à la raison,
on conçoit que les solutions soient particulièrement malaisées. Il semble
que nos auteurs envisagent des remèdes de deux ordres : aux solutions
d'ordre psychologique se superposent des solutions institutionnelles et
collectives.
Au niveau psychologique, la solution préconisée par Voltaire apparaît
comme la plus représentative du dossier, tant les autres documents
semblent s'y référer. Dans l'esprit des Lumières, celui-ci, en effet,
considère que seul l'esprit philosophique est capable de tempérer l'ardeur
fanatique en favorisant la raison et le sang-froid, seuls capables de
traiter les affaires humaines. Quand la religion ne fait qu'attiser le
brasier, quand les lois sont impuissantes devant la fureur dogmatique, la
philosophie et sa capacité à faire des prosélytes sont seules capables
d'endiguer la contagion. François Jacob, quant à lui, situe cette froideur
au niveau de l'esprit scientifique, qu'il disculpe de tous les massacres
de l'Histoire. E.M. Cioran, enfin, propose des solutions originales : c'est
le doute, le jugement perpétuellement en balance qui sont les meilleurs
signes de la tolérance, et le philosophe va même jusqu'à préconiser le
quiétisme, voire la paresse.
Au-delà de ces remèdes individuels, notre dossier fournit quelques
quelques réponses sur le plan collectif. Voltaire sous-entend que, sous
l'égide de la philosophie, s'élaborerait un modèle social idéal. F. Jacob,
de son côté, prône le rôle des savants, dont la rigueur parfois austère
lui paraît de loin préférable à la fièvre En tout cas, les désordres ou
les massacres lui semblent avoir été, à chaque fois, provoqué par les
religieux et les politiques, jamais par la science. A propos des
politiques, et comme pour tempérer leur zèle, Cioran, non sans humour,
souhaite que chacun prenne ici des leçons de corruption. B. Poulet, enfin,
propose une solution plus conforme à notre siècle : si la démocratie est
souvent la cible des intégrismes, c'est qu'on ne supporte pas sa
tolérance et la liberté qu'elle favorise dans les jugements comme dans les
cultes. Elle seule est donc à même de s'opposer à tout excès dogmatique
parce que, par nature, elle répugne aux vérités imposées et se caractérise
par la recherche d'in consensus collectif. Le journaliste appelle ainsi à
une véritable morale démocratique.
*
*.....*
Ce dossier paraît
ainsi préoccupé par l'urgence d'une invention rapide de remèdes appropriés
à un mal qui donne à tous les textes une gravité inquiète. Si tous nos
auteurs manifestent ce souci, c'est qu'ils ont abondamment montré comment
les racines du mal sont profondes et comment aussi elles trouvent un
aliment dans le vertige qu'inspire à chacun l'ébranlement des valeurs
traditionnelles.
Il nous paraît hélas facile aujourd'hui de trouver autour de nous des
échos convergents, quand certains prétendent prouver leurs vérités avec leur sang et celui des autres.
« Mais le sang est le plus mauvais témoin de la vérité ; le sang empoisonne la doctrine la plus pure », note Nietzsche, qui s'étonne aussi qu'on puisse juger qu'une cause gagne en valeur en faisant des martyrs. Le dossier est donc en prise sur cette sinistre actualité. Peut-être peut-on regretter qu'aucun document n'ait pu
réfléchir à la possibilité d'une foi non entachée de fanatisme, capable
d'en éviter les égarements mais aussi de combler une aspiration légitime
de l'individu et des sociétés à croire, à satisfaire un élan capable de
réchauffer les froideurs désincarnées de la seule raison.
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