EXEMPLE
« Il n'y a pas de paix, même injuste, qui ne soit préférable à la plus juste des guerres. » |
Mise en place du sujet :
- les mots-clés : Ce sujet
tourne autour de la notion de justice, dont on prendra soin de donner une
définition précise. Nous appellerons justice la qualité morale qui invite à
respecter les droits d'autrui. La double négation offerte par la citation pose
nettement que la paix est préférable à la justice : le chiasme sait habilement mettre en valeur les notions du
juste et de l'injuste, ce qui ne peut manquer de provoquer le lecteur en
inversant ses représentations. Car si la paix de l'un compromet les droits de
l'autre, que penser de cet état qui, à l'évidence, bafoue la justice la plus
élémentaire ?
- la problématique : il conviendra, comme à
l'accoutumée, de transformer en question l'assertion proposée par le sujet :
la paix est-elle acceptable à toutes les conditions ?
Arguments et exemples à
utiliser :
Aidez-vous des documents suivants :
ces citations vous sont fournies dans le désordre. A vous de les placer dans le plan
proposé ci-dessous, à titre d'exemples (ex) :
DOCUMENTS
-
Aristophane et Hegel peignent les horreurs
intemporelles de la barbarie guerrière: exactions, faim. misère, barbarie de
I'homme redevenu « hyène contre hyène » (Hugo). Michelle Fléchard, dans
Quatrevingt-treize, incarne la femme du peuple, livrée à toutes les
souffrances de la guerre civile, « quand tous les hommes n'ont qu'une affaire, la
dévastation, et qu'un travail, le carnage. » (III, I). Son refus est significatif
: « Ce n'est pas possible qu'il y ait des hommes sur la terre et qu'on laisse ces
pauvres petits mourir comme cela » .
-
Kant propose « un état de paix qui n'est point
produit et garanti par l'affaiblissement de toutes les forces, mais au contraire
par leur équilibre et leur émulation la plus vive » (p.81).
-
La paix est pour Kant une idée imposée par la
raison, un devoir-être, un idéal dont la réalisation entière se situe à
l'infini.
-
Kant rappelle que ce sont les simples citoyens
qui paient toujours le plus cher, quand on les réduit à l'état de « simples
machines ou d'instruments dans la main d'un autre » (p.17).
-
Kant dénonce ces traités limités qui sont gros
des guerres futures puisqu'ils n'ont fait que sanctionner le droit du plus fort
(paix injustes) : la mauvaise intention d'un des signataires fait que la paix
porte en germe une guerre future, car elle crée un sentiment d'injustice
intolérable (cf. traité de Versailles). « Hector, songe que jeter aujourd'hui le
mot paix dans la ville est aussi coupable que d'y jeter un poison. Tu vas y
détendre le cuir et le fer. Tu vas frapper avec le mot paix la monnaie courante
des souvenirs, des affections, des espoirs. Les soldats vont se précipiter pour
acheter le pain de paix, boire le vin de paix, étreindre la femme de paix, et
dans une heure tu les remettras face à la guerre. » (Giraudoux, La guerre de
Troie n'aura pas lieu).
-
Kant sait que la guerre peut « passer pour un
acte noble auquel l'homme est poussé par le sentiment de l'honneur et non par
des sentiments intéressés » (p.73). Révolutionnaires et royalistes font preuve
d'héroïsme dans Quatrevingt -treize.
-
La paix est souvent associée au bonheur agricole
(«la belle vie qu'on menait avant » pour Trygée) sous le règne de la Paix
(« la plus grande de toutes les déesses, et la plus douce patronne de nos
vignes» (p. 444). La paix est aussi l'hospitalité à l'égard de l'autre, le
commerce et la sociabilité (Kant rappelle les conditions d'une hospitalité
universelle dans son «Troisième article» ).
-
« La guerre est. La paix n'est pas : il faut la
faire, et d'abord la vouloir, et donc y croire. Si vous n'y croyez pas, vous
n'arriverez pas à la vouloir; si vous ne la voulez pas, vous ne la ferez pas. »
(Alain)
-
Kant sait que la guerre peut être nécessaire, «
triste moyen imposé par le besoin dans l'état de nature afin de soutenir son
droit dans la violence. » (p.21). Gauvain sait que la Révolution est
destructrice, mais que d'un mal sortira un bien pour l 'humanité (Quatrevingt-trejze).
-
« S'il faut appeler paix l'esclavage, la
barbarie ou l'isolement, il n'est rien pour les hommes de si lamentable que la
paix. » (Spinoza).
-
Seule la vraie paix n'est jamais injuste, car
elle est assentiment des peuples en accord avec ce que veut la nature et
parachèvement du droit.
-
> Comment la Révolution peut-elle sauvegarder la
République et, à terme, la paix qu'elle entend instaurer sur un nouveau droit,
sans livrer bataille contre ses ennemis ? « Il n'y a qu'une urgence, la
République en danger », dit Danton (Quatrevingt-treize). On ne peut
souhaiter la paix à n'importe quel prix : il faut d'abord restituer un Etat qui
établisse les conditions de la paix.
-
De la Convention, Hugo dit : « En même temps
qu'elle dégageait de la révolution, cette assemblée produisait de la
civilisation. Fournaise mais forge.»
|
Organisation du plan
:
Thèse :
La paix semble toujours conforme aux désirs des
peuples...
1. La guerre est toujours accompagnée
d'un cortège d'horreurs, devant lesquelles toute paix se justifie.
ex : ...
2. La guerre manifeste des iniquités criantes.
ex
: ...
3. La paix permet de se livrer à des activités constructrices et
civilisatrices.
ex
: ...
Antithèse : ...
mais elle peut créer une injustice
intolérable...
a. La guerre paraît un penchant inhérent à la nature humaine.
ex
: ...
b. Le tableau d'une paix alanguie peut paraître sans dignité et ont peut
déprécier ce désir.
ex
: ...
c. Certaines paix installent des conditions insupportables d'injustice.
ex
: ...
Synthèse : ...
donc la paix, pour être
juste, ne peut être conçue que comme une dynamique.
Recherchons dans les deux premières parties les arguments qui
s'opposent le plus nettement. La synthèse n'est pas ce
"moyen terme" qui aboutirait toujours à un opinion tiède. Nous vous proposons
de la construire comme un "dépassement" des arguments utilisés dans les deux
parties précédentes (nous l'infléchissons ici dans le sens d'une construction
nécessaire de la paix par l'effort de la raison et du droit afin qu'elle
soit conforme à la justice) :
A. Paix et guerre
sont intimement liées : on peut vouloir détruire pour pouvoir mieux reconstruire.
ex
: ...
B. Kant propose un idéal de paix qui ne se réduit pas au désir
de dominer ni à la tentation de s'endormir. La contradiction est féconde
et suscite le dépassement . ex
: ...
C. Pour y parvenir, il faut accepter ce qu'est l'humanité, et aussi sa
tendance à la violence.
ex
: ... |
Conclusion :
Seule la vraie paix n'est jamais injuste, car elle est assentiment des peuples en accord avec ce que veut la nature et parachèvement du droit.
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