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Extraits de l'œuvre |
Édition |
Chapitre |
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Cependant,
les deux chevaux n’en pouvaient plus. Ils
boitaient l’un et l’autre ; et neuf heures
sonnaient à Saint-Laurent lorsqu’il arriva sur la
place d’Armes, devant la maison de sa mère. Cette
maison, spacieuse, avec un jardin donnant sur la
campagne, ajoutait à la considération
de Mme Moreau, qui était la personne du pays la
plus respectée. |
45 |
I, 1 |
La
maison de Madame Moreau à Nogent. |
45 |
I, 1 |
L’aplomb
lui revint en songeant que M. Dambreuse n’était
qu’un bourgeois, et il sauta gaillardement de son
cabriolet sur le trottoir de la rue d’Anjou.
Quand il eut poussé une des deux portes
cochères, il traversa la cour, gravit le perron et
entra dans un vestibule pavé en marbre de couleur.
Un double escalier droit, avec un tapis rouge
à baguettes de cuivre, s’appuyait contre les
hautes murailles en stuc luisant. Il y avait, au
bas des marches, un bananier dont les feuilles
larges retombaient sur le velours de la rampe.
Deux candélabres de bronze tenaient des globes de
porcelaine suspendus à des chaînettes ; les
soupiraux des calorifères béants exhalaient un air
lourd ; et l’on n’entendait que le tic-tac d’une
grande horloge, dressée à l’autre bout du
vestibule, sous une panoplie.
Un timbre sonna ; un valet parut, et
introduisit Frédéric dans une petite pièce, où
l’on distinguait deux coffres-forts, avec des
casiers remplis de cartons. M. Dambreuse écrivait
au milieu, sur un bureau à cylindre. |
55 |
I, 3 |
À l’hôtel Dambreuse : L’entrée et le bureau de M. Dambreuse. |
55 |
I, 3 |
Les
hautes glaces transparentes offraient aux regards,
dans une disposition habile, des statuettes, des
dessins, des gravures, des catalogues, des numéros
de l’Art industriel ; et les prix de
l’abonnement étaient répétés sur la porte, que
décoraient à son milieu, les initiales de
l’éditeur. On apercevait, contre les murs, de
grands tableaux dont le vernis brillait, puis,
dans le fond, deux bahuts, chargés de porcelaines,
de bronzes, de curiosités alléchantes ; un petit
escalier les séparait, fermé dans le haut par une
portière de moquette ; et un lustre en vieux saxe,
un tapis vert sur le plancher, avec une table en
marqueterie, donnaient à cet intérieur plutôt
l’apparence d’un salon que d’une boutique. |
56 |
I, 3 |
L’Art
industriel de Jacques Arnoux, boulevard
Montmartre. |
56 |
I, 3 |
Les jours
suivants furent employés à se chercher un
logement ; et il se décida pour une chambre au
second étage, dans un hôtel garni, rue
Saint-Hyacinthe. |
56 |
I, 3 |
Le logement de Frédéric
dans un hôtel garni, rue Saint-Hyacinthe. |
56 |
I, 3 |
Mille choses nouvelles ajoutaient à sa tristesse. Il lui fallait compter son linge et subir le concierge, rustre à tournure d’infirmier, qui venait le matin retaper son lit, en sentant l’alcool et en grommelant. Son appartement, orné d’une pendule d’albâtre, lui déplaisait. Les cloisons étaient minces ; il entendait les étudiants faire du punch, rire, chanter. |
57 |
I, 3 |
L'appartement de Frédéric rue Saint-Hyacinthe. |
57 |
I, 3 |
Las
de cette solitude, il rechercha un de ses anciens
camarades nommé Baptiste Martinon ; et il le
découvrit dans une pension bourgeoise de la rue
Saint-Jacques, bûchant sa procédure, devant un feu
de charbon de terre.
En face de lui, une femme en robe d’indienne
reprisait des chaussettes. |
57 |
I, 3 |
Chez
Martinon dans une pension bourgeoise, rue
Saint-Jacques. |
57 |
I, 3 |
Puis, à
la rentrée, il abandonna son logement et prit, sur
le quai Napoléon, deux pièces, qu’il meubla. |
61 |
I, 3 |
Logement de Frédéric,
quai Napoléon. |
61 |
I, 3 |
Ils
s’arrêtèrent près du théâtre Bobino, devant une
maison où l’on pénétrait par une allée. Dans la
lucarne d’un grenier, entre des capucines et des
pois de senteur, une jeune femme se montra,
nu-tête, en corset, et appuyant ses deux bras
contre le bord de la gouttière.
— Bonjour, mon ange, bonjour, bibiche, fit
Hussonnet, en lui envoyant des baisers.
Il ouvrit la barrière d’un coup de pied, et
disparut. |
67 |
I, 4 |
Chez
la maîtresse d’Hussonnet. |
67 |
I, 4 |
Cinq ou
six personnes, debout, emplissaient l’appartement
étroit, qu’éclairait une seule fenêtre donnant sur
la cour ; un canapé en damas de laine brune
occupant au fond l’intérieur d’une alcôve, entre
deux portières d’étoffe semblable. Sur la cheminée
couverte de paperasses, il y avait une Vénus en
bronze ; deux candélabres, garnis de bougies
roses, la flanquaient parallèlement. À droite,
près d’un cartonnier, un homme dans un fauteuil
lisait le journal, en gardant son chapeau sur sa
tête ; les murailles disparaissaient sous des
estampes et des tableaux, gravures précieuses ou
esquisses de maîtres contemporains, ornées de
dédicaces, qui témoignaient pour Jacques Arnoux de
l’affection la plus sincère. |
68 |
I, 4 |
L’appartement de L’Art
industriel. |
68 |
I, 4 |
On
remarquait en entrant chez lui deux grands
tableaux, où les premiers tons, posés çà et là,
faisaient sur la toile blanche des taches de brun,
de rouge et de bleu. Un réseau de lignes à la
craie s’étendait par-dessus, comme les mailles
vingt fois reprises d’un filet ; il était même
impossible d’y rien comprendre. Pellerin expliqua
le sujet de ces deux compositions en indiquant
avec le pouce les parties qui manquaient. L’une
devait représenter la Démence de
Nabuchodonosor, l’autre l’Incendie de
Rome par Néron. Frédéric les admira.
Il admira des académies de femmes échevelées,
des paysages où les troncs d’arbre tordus par la
tempête foisonnaient, et surtout des caprices à la
plume, souvenirs de Callot, de Rembrandt ou de
Goya, dont il ne connaissait pas les modèles.
Pellerin n’estimait plus ces travaux de sa
jeunesse ; maintenant, il était pour le grand
style ; il dogmatisa sur Phidias et Winckelmann,
éloquemment. Les choses autour de lui renforçaient
la puissance de sa parole : on voyait une tête de
mort sur un prie-Dieu, des yatagans, une robe de
moine ; Frédéric l’endossa.
Quand il arrivait de bonne heure, il le
surprenait dans son mauvais lit de sangle, que
cachait un lambeau de tapisserie ; |
72 |
I, 4 |
L’atelier
de Pellerin, en haut du faubourg Poissonnière. |
72 |
I, 4 |
Les
grandes lettres composant le nom d’Arnoux sur la
plaque de marbre, au haut de la boutique, lui
semblaient toutes particulières et grosses de
significations, comme une écriture sacrée. Le
large trottoir, descendant, facilitait sa marche,
la porte tournait presque d’elle-même ; et la
poignée, lisse au toucher, avait la douceur et
comme l’intelligence d’une main dans la sienne. |
73 |
I, 4 |
L’entrée de L’Art
industriel. |
73 |
I, 4 |
L’antichambre,
décorée à la chinoise, avait une lanterne peinte,
au plafond, et des bambous dans les coins. En
traversant le salon, Frédéric trébucha contre une
peau de tigre. On n’avait point allumé les
flambeaux, mais deux lampes brûlaient dans le
boudoir tout au fond. |
79 |
I, 4 |
Chez
Arnoux, 24 bis rue de Choiseul : l’antichambre. |
79 |
I, 4 |
Les globes
des lampes, recouverts d’une dentelle en papier,
envoyaient un jour laiteux et qui attendrissait la
couleur des murailles, tendues de satin mauve. À
travers les lames du garde-feu, pareil à un gros
éventail, on apercevait les charbons dans la
cheminée ; il y avait, contre la pendule, un
coffret à fermoirs d’argent. Çà et là, des choses
intimes traînaient : une poupée au milieu de la
causeuse, un fichu contre le dossier d’une chaise,
et, sur la table à ouvrage, un tricot de laine
d’où pendaient en dehors deux aiguilles d’ivoire,
la pointe en bas. C’était un endroit paisible,
honnête et familier tout ensemble. |
80 |
I, 4 |
Chez Arnoux, 24 bis rue
de Choiseul : le salon. |
80 |
I, 4 |
La
salle, telle qu’un parloir moyen âge, était tendue
de cuir battu ; une étagère hollandaise se
dressait devant un râtelier de chibouques ; et,
autour de la table, les verres de Bohême,
diversement colorés, faisaient au milieu des
fleurs et des fruits comme une illumination dans
un jardin. |
80 |
I, 4 |
Chez
Arnoux, 24 bis rue de Choiseul : la salle à manger. |
80 |
I, 4 |
Frédéric se meublait un palais à la moresque, pour vivre couché sur des divans de cachemire, au murmure d’un jet d’eau, servi par des pages nègres ; et ces choses rêvées devenaient à la fin tellement précises, qu’elles le désolaient comme s’il les avait perdues.
— À quoi bon causer de tout cela, disait-il, puisque jamais nous ne l’aurons ! |
88 |
I, 5 |
L'appartement fantasmé par Frédéric, quai Napoléon. |
88 |
I, 5 |
Effectivement, il n’y mettait point de modération. Une vue de Venise, une vue de Naples et une autre de Constantinople occupant le milieu des trois murailles, des sujets équestres d’Alfred de Dreux çà et là, un groupe de Pradier sur la cheminée, des numéros de l’Art industriel sur le piano, et des cartonnages par terre dans les angles, encombraient le logis d’une telle façon, qu’on avait peine à poser un livre, à remuer les coudes. Frédéric prétendait qu’il lui fallait tout cela pour sa peinture. |
88 |
I, 5 |
L'appartement meublé par Frédéric, quai Napoléon. |
88 |
I, 5 |
Il
travaillait chez Pellerin. Mais souvent Pellerin
était en courses, ayant coutume d’assister à tous
les enterrements et événements dont les journaux
devaient rendre compte ; et Frédéric passait des
heures entièrement seul dans l’atelier. Le calme
de cette grande pièce, où l’on n’entendait que le
trottinement des souris, la lumière qui tombait du
plafond, et jusqu’au ronflement du poêle, tout le
plongeait d’abord dans une sorte de bien-être
intellectuel. Puis ses yeux, abandonnant son
ouvrage, se portaient sur les écaillures de la
muraille, parmi les bibelots de l’étagère, le long
des torses où la poussière amassée faisait comme
des lambeaux de velours ; |
88 |
I, 5 |
L’atelier de Pellerin,
en haut du faubourg Poissonnière. |
88 |
I, 5 |
Quarante
minutes après, il débarquait à Saint-Cloud.
La maison, cent pas plus loin que le pont,
se trouvait à mi-hauteur de la colline. Les murs
du jardin étaient cachés par deux rangs de
tilleuls, et une large pelouse descendait jusqu’au
bord de la rivière. La porte de la grille étant
ouverte, Frédéric entra. |
113 |
I, 5 |
La
maison de campagne d’Arnoux à Saint-Cloud. |
113 |
I, 5 |
Rien
n’était plaisant comme la salle à manger, peinte
d’une couleur vert d’eau. À l’un des bouts, une
nymphe de pierre trempait son orteil dans un
bassin en forme de coquille. Par les fenêtres
ouvertes, on apercevait tout le jardin avec la
longue pelouse que flanquait un vieux pin
d’Écosse, aux trois quarts dépouillé ; des massifs
de fleurs la bombaient inégalement ; et, au-delà
du fleuve, se développaient, en large demi-cercle,
le bois de Boulogne, Neuilly, Sèvres, Meudon.
Devant la grille, en face, un canot à la voile
prenait des bordées. |
114 |
I, 5 |
Chez Arnoux à
Saint-Cloud, la salle à manger. |
114 |
I, 5 |
Déjà
des bougies brûlaient dans le salon, tout tendu de
perse, avec des girandoles en cristal contre les
murs. |
115 |
I, 5 |
Chez
Arnoux à Saint-Cloud, le salon. |
115 |
I, 5 |
Sa mère
l’appela. C’était pour le consulter, à propos
d’une plantation dans le jardin.
Ce jardin, en manière de parc anglais, était
coupé à son milieu par une clôture de bâtons, et
la moitié appartenait au père Roque, qui en
possédait un autre, pour les légumes, sur le bord
de la rivière. |
125 |
I, 6 |
Le jardin de Mme Moreau
à Nogent. |
125 |
I, 6 |
—
Le sieur Arnoux, marmiton, et un prince de ses
amis !
Frédéric fut d’abord ébloui par les lumières ;
il n’aperçut que de la soie, du velours, des
épaules nues, une masse de couleurs qui se
balançait aux sons d’un orchestre caché par des
verdures, entre des murailles tendues de soie
jaune, avec des portraits au pastel, çà et là, et
des torchères de cristal en style Louis XVI. De
hautes lampes, dont les globes dépolis
ressemblaient à des boules de neige, dominaient
des corbeilles de fleurs, posées sur des consoles,
dans les coins ; et, en face, après une seconde
pièce plus petite, on distinguait, dans une
troisième, un lit à colonnes torses, ayant une
glace de Venise à son chevet. |
146 |
II, 1 |
Chez
Rosanette, 18 rue de Laval. |
146 |
II, 1 |
Il entra dans le
boudoir, capitonné de soie bleu pâle avec des
bouquets de fleurs des champs, tandis qu’au
plafond, dans un cercle de bois doré, des Amours,
émergeant d’un ciel d’azur, batifolaient sur des
nuages en forme d’édredon. Ces élégances, qui
seraient aujourd’hui des misères pour les
pareilles de Rosanette, l’éblouirent ; et il
admira tout : les volubilis artificiels ornant le
contour de la glace, les rideaux de la cheminée,
le divan turc, et, dans un renfoncement de la
muraille, une manière de tente tapissée de soie
rose, avec de la mousseline blanche par-dessus.
Des meubles noirs à marqueterie de cuivre
garnissaient la chambre à coucher, où se dressait,
sur une estrade couverte d’une peau de cygne, le
grand lit à baldaquin et à plumes d’autruche. Des
épingles à tête de pierreries fichées dans des
pelotes, des bagues traînant sur des plateaux, des
médaillons à cercle d’or et des coffrets d’argent
se distinguaient dans l’ombre, sous la lueur
qu’épanchait une urne de Bohême, suspendue à trois
chaînettes. Par une petite porte entrebâillée, on
apercevait une serre chaude occupant toute la
largeur d’une terrasse, et que terminait une
volière à l’autre bout. |
148 |
II,1 |
Chez Rosanette, le boudoir. |
148 |
II,1 |
En
entrant dans la serre, il vit, sous les larges
feuilles d’un caladium, près le jet d’eau, Delmar,
couché à plat ventre sur le canapé de toile ;
Rosanette, assise près de lui, avait la main
passée dans ses cheveux ; et ils se regardaient.
Au même moment, Arnoux entra par l’autre côté,
celui de la volière. Delmar se leva d’un bond,
puis il sortit à pas tranquilles sans se
retourner ; et même, il s’arrêta près de la porte,
pour cueillir une fleur d’hibiscus dont il garnit
sa boutonnière. Rosanette pencha le visage ;
Frédéric, qui la voyait de profil, s’aperçut
qu’elle pleurait. |
153 |
II, 1 |
Chez
Rosanette, la serre. |
153 |
II, 1 |
Un lustre de cuivre à quarante bougies éclairait
la salle, dont les murailles disparaissaient sous
de vieilles faïences accrochées ; et cette lumière
crue, tombant d’aplomb, rendait plus blanc encore,
parmi les hors-d’œuvre et les fruits, un
gigantesque turbot occupant le milieu de la nappe,
bordée par des assiettes pleines de potage à la
bisque. |
154 |
II, 1 |
Chez Rosanette, la
salle à manger. |
154 |
II, 1 |
Frédéric
trouva, au coin de la rue Rumfort, un petit hôtel
et il s’acheta, tout à la fois, le coupé, le
cheval, les meubles et deux jardinières prises
chez Arnoux, pour mettre aux deux coins de la
porte dans son salon. Derrière cet appartement,
étaient une chambre et un cabinet. L’idée lui vint
d’y loger Deslauriers. Mais, comment la
recevrait-il, elle, sa maîtresse future ?
La présence d’un ami serait une gêne. Il abattit
le refend pour agrandir le salon, et fit du
cabinet un fumoir.
Il acheta les poètes qu’il aimait, des
Voyages, des Atlas, des Dictionnaires, car il
avait des plans de travail sans nombre ; il
pressait les ouvriers, courait les magasins, et,
dans son impatience de jouir, emportait tout sans
marchander. |
159 |
II, 1 |
Appartement
de Frédéric, rue Rumford. |
159 |
II, 1 |
C’était
jour de réception. Des voitures stationnaient dans
la cour. Deux valets se précipitèrent sous la
marquise, et un troisième, au haut de l’escalier,
se mit à marcher devant lui.
Il traversa une antichambre, une seconde pièce,
puis un grand salon à hautes fenêtres, et dont la
cheminée monumentale supportait une pendule en
forme de sphère, avec deux vases de porcelaine
monstrueux où se hérissaient, comme deux buissons
d’or, deux faisceaux de bobèches. Des tableaux
dans la manière de l’Espagnolet étaient appendus
au mur ; les lourdes portières en tapisserie
tombaient majestueusement ; et les fauteuils, les
consoles, les tables, tout le mobilier, qui était
de style Empire, avait quelque chose d’imposant et
de diplomatique. Frédéric souriait de plaisir,
malgré lui.
Enfin, il arriva dans un appartement ovale,
lambrissé de bois de rose, bourré de meubles
mignons et qu’éclairait une seule glace donnant
sur un jardin. |
159-160 |
II, 1 |
L’hôtel Dambreuse, rue
d’Anjou. |
159-160 |
II, 1 |
La
Maréchale survint. Elle le prit, ouvrit la serre,
l’y jeta, referma la porte (d’autres portes, en
même temps, s’ouvraient et se refermaient), et,
ayant fait passer Frédéric par la cuisine, elle
l’introduisit dans son cabinet de toilette.
On voyait, tout de suite, que c’était
l’endroit de la maison le plus hanté, et comme son
vrai centre moral. Une perse à grands feuillages
tapissait les murs, les fauteuils et un vaste
divan élastique ; sur une table de marbre blanc
s’espaçaient deux larges cuvettes en faïence
bleue ; des planches de cristal formant étagère
au-dessus étaient encombrées par des fioles, des
brosses, des peignes, des bâtons de cosmétique,
des boîtes à poudre ; le feu se mirait dans une
haute psyché ; un drap pendait en dehors d’une
baignoire, et des senteurs de pâte d’amandes et de
benjoin s’exhalaient. |
162 |
II, 2 |
Chez
Rosanette, le cabinet de toilette. |
162 |
II, 2 |
Deslauriers
l’entraîna.
Ils trouvèrent leur ami dans sa chambre à
coucher. Stores et doubles rideaux, glace de
Venise, rien n’y manquait ; Frédéric, en veste de
velours, était renversé dans une bergère, où il
fumait des cigarettes de tabac turc. |
167 |
II, 2 |
Chez Frédéric, la
chambre à coucher. |
167 |
II, 2 |
Un
domestique en longues guêtres ouvrit la porte, et
l’on aperçut la salle à manger avec sa haute
plinthe en chêne relevé d’or et ses deux dressoirs
chargés de vaisselle. Les bouteilles de vin
chauffaient sur le poêle ; les lames des couteaux
neufs miroitaient près des huîtres ; il y avait
dans le ton laiteux des verres-mousseline comme
une douceur engageante, et la table disparaissait
sous du gibier, des fruits, des choses
extraordinaires. Ces attentions furent perdues
pour Sénécal. |
167 |
II, 2 |
Chez
Frédéric, la salle à manger. |
167 |
II, 2 |
Cette
confusion était provoquée par des similitudes
entre les deux logements. Un des bahuts que l’on
voyait autrefois boulevard Montmartre ornait à
présent la salle à manger de Rosanette, l’autre,
le salon de Mme Arnoux. Dans les deux maisons, les
services de table étaient pareils, et l’on
retrouvait jusqu’à la même calotte de velours
traînant sur les bergères ; puis une foule de
petits cadeaux, des écrans, des boîtes, des
éventails allaient et venaient de chez la
maîtresse chez l’épouse, car, sans la moindre
gêne, Arnoux, souvent, reprenait à l’une ce qu’il
lui avait donné, pour l’offrir à l’autre. |
174 |
II, 2 |
Similitudes entre
l’intérieur de Mme Arnoux et celui de Rosanette. |
174 |
II, 2 |
Le
banquier, comme la première fois, était assis à
son bureau, et d’un geste le pria d’attendre
quelques minutes, car un monsieur tournant le dos
à la porte, l’entretenait de matières graves. Il
s’agissait de charbons de terre d’une fusion à
opérer entre diverses compagnies.
Les portraits du général Foy et de
Louis-Philippe se faisaient pendant de chaque côté
de la glace ; des cartonniers montaient contre le
lambris jusqu’au plafond, et il y avait six
chaises de paille, M. Dambreuse n’ayant pas besoin
pour ses affaires d’un appartement plus beau ;
c’était comme ces sombres cuisines où s’élaborent
de grands festins. Frédéric observa surtout deux
coffres monstrueux, dressés dans les encoignures.
Il se demandait combien de millions y pouvaient
tenir. Le banquier en ouvrit un, et la planche de
fer tourna, ne laissant voir à l’intérieur que des
cahiers de papier bleu.ne fusion à opérer entre
diverses compagnies. |
184-185 |
II, 2 |
Le
bureau de Monsieur Dambreuse. |
184-185 |
II, 2 |
Deux
municipaux à cheval stationnaient dans la rue. Une
file de lampions brûlaient sur les deux portes
cochères ; et des domestiques, dans la cour,
criaient, pour faire avancer les voitures
jusqu’au bas du perron sous la marquise. Puis,
tout à coup, le bruit cessait dans le vestibule.
De grands arbres emplissaient la cage de
l’escalier ; les globes de porcelaine versaient
une lumière qui ondulait comme des moires de satin
blanc sur les murailles. Frédéric monta les
marches allègrement. Un huissier lança son nom :
M. Dambreuse lui tendit la main ; presque
aussitôt, Mme Dambreuse parut. |
185 |
II, 2 |
L’entrée de l’hôtel
Dambreuse. |
185 |
II, 2 |
Sous le
lustre, au milieu, un pouf énorme supportait une
jardinière, dont les fleurs, s’inclinant comme des
panaches, surplombaient la tête des femmes assises
en rond, tout autour, tandis que d’autres
occupaient les bergères formant deux lignes
droites interrompues symétriquement par les grands
rideaux des fenêtres en velours nacarat et les
hautes baies des portes à linteau doré. |
186 |
II, 2 |
L’hôtel
Dambreuse, le salon. |
186 |
II, 2 |
Partout,
une valetaille à larges galons d’or circulait. Les
grandes torchères, comme des bouquets de feu,
s’épanouissaient sur les tentures ; elles se
répétaient dans les glaces ; et, au fond de la
salle à manger, que tapissait un treillage de
jasmin, le buffet ressemblait à un maître-autel de
cathédrale ou à une exposition d’orfèvrerie, tant
il y avait de plats, de cloches, de couverts et de
cuillers en argent et en vermeil, au milieu des
cristaux à facettes qui entrecroisaient,
par-dessus les viandes, des lueurs irisées. Les
trois autres salons regorgeaient d’objets d’art :
paysages de maîtres contre les murs, ivoires et
porcelaines au bord des tables, chinoiseries sur
les consoles ; des paravents de laque se
développaient devant les fenêtres, des touffes de
camélias montaient dans les cheminées ; et une
musique légère vibrait, au loin, comme un
bourdonnement d’abeilles. |
186 |
II, 2 |
L’hôtel Dambreuse, la
salle à manger. |
186 |
II, 2 |
Le
plafond, arrondi en coupole, donnait au boudoir la
forme d’une corbeille ; et un courant d’air
parfumé circulait sous le battement des éventails. |
189 |
II, 2 |
Le
boudoir de Madame Dambreuse. |
189 |
II, 2 |
L’avocat
logeait rue des Trois-Maries, au cinquième étage,
sur une cour. Son cabinet, petite pièce carrelée,
froide, et tendue d’un papier grisâtre, avait pour
principale décoration une médaille en or, son prix
de doctorat, insérée dans un cadre d’ébène contre
la glace. Une bibliothèque d’acajou enfermait sous
vitres cent volumes, à peu près. Le bureau,
couvert de basane, tenait le milieu de
l’appartement. Quatre vieux fauteuils de velours
vert en occupaient les coins ; et des copeaux
flambaient dans la cheminée, où il y avait
toujours un fagot prêt à allumer au coup de
sonnette. C’était l’heure de ses consultations ;
l’avocat portait une cravate blanche. |
204 |
II, 3 |
Chez Deslauriers, rue
des Trois-Maries. |
204 |
II, 3 |
Deux domestiques servaient, sans faire de bruit sur le parquet ; et la hauteur de la salle, qui avait trois portières en tapisserie et deux fontaines de marbre blanc, le poli des réchauds, la disposition des hors-d’œuvre, et jusqu’aux plis raides des serviettes, tout ce bien-être luxueux établissait dans la pensée de Frédéric un contraste avec un autre déjeuner chez Arnoux. |
215 |
II, 3 |
La salle à manger, chez Dambreuse. |
215 |
II, 3 |
Frédéric
suivit le milieu du pavé ; puis il rencontra sur
sa gauche, à l’entrée d’un chemin, un grand arc de
bois qui portait écrit en lettres d’or : FAÏENCES.
Ce n’était pas sans but que Jacques Arnoux
avait choisi le voisinage de Creil ; en plaçant sa
manufacture le plus près possible de l’autre
(accréditée depuis longtemps), il provoquait dans
le public une confusion favorable à ses intérêts.
Le principal corps de bâtiment s’appuyait sur
le bord même d’une rivière qui traverse la
prairie. La maison de maître, entourée d’un
jardin, se distinguait par son perron, orné de
quatre vases où se hérissaient des cactus. Des
amas de terre blanche séchaient sous des hangars ;
il y en avait d’autres à l’air libre ; et au
milieu de la cour se tenait Sénécal, avec son
éternel paletot bleu, doublé de rouge. |
220 |
II, 3 |
La
fabrique de faïence d’Arnoux, à Creil. |
220 |
II, 3 |
Elle
proposa de lui montrer la fabrique ; et, comme
elle insistait, il accepta.
Pour le distraire d’abord par quelque chose
d’amusant, elle lui fit voir l’espèce de musée qui
décorait l’escalier. Les spécimens accrochés
contre les murs ou posés sur des planchettes
attestaient les efforts et les engouements
successifs d’Arnoux. Après avoir cherché le rouge
de cuivre des Chinois, il avait voulu faire des
majoliques, des faënza, de l’étrusque, de
l’oriental, tenté enfin quelques-uns des
perfectionnements réalisés plus tard. Aussi
remarquait-on, dans la série, de gros vases
couverts de mandarins, des écuelles d’un mordoré
chatoyant, des pots rehaussés d’écritures arabes,
des buires dans le goût de la Renaissance, et de
larges assiettes avec deux personnages, qui
étaient comme dessinés à la sanguine, d’une façon
mignarde et vaporeuse. Il fabriquait maintenant
des lettres d’enseigne, des étiquettes à vin ;
mais son intelligence n’était pas assez haute pour
atteindre jusqu’à l’Art, ni assez bourgeoise non
plus pour viser exclusivement au profit, si bien
que, sans contenter personne, il se ruinait. |
222 |
II, 3 |
La fabrique de faïence
d’Arnoux, à Creil. |
222 |
II, 3 |
Mme Arnoux
suffoquait un peu. Elle s’approcha de la fenêtre
pour respirer.
De l’autre côté de la rue, sur le trottoir, un
emballeur en manches de chemise clouait une
caisse. Des fiacres passaient. Elle ferma la
croisée et vint se rasseoir. Les hautes maisons
voisines interceptant le soleil, un jour froid
tombait dans l’appartement. Ses enfants étaient
sortis, rien ne bougeait autour d’elle. C’était
comme une désertion immense. |
272 |
II, 5 |
Chez
Arnoux, 37 rue Paradis-Poissonnière. |
272 |
II, 5 |
Le lendemain, il se rendit chez la Maréchale. Elle habitait une maison neuve, dont les stores avançaient sur la rue. Il y avait à chaque palier une glace contre le mur, une jardinière rustique devant les fenêtres, tout le long des marches un tapis de toile ; et, quand on arrivait du dehors, la fraîcheur de l’escalier délassait.
Ce fut un domestique mâle qui vint ouvrir, un valet en gilet rouge. Dans l’antichambre, sur la banquette, une femme et deux hommes, des fournisseurs sans doute, attendaient, comme dans un vestibule de ministre. À gauche, la porte de la salle à manger, entre-bâillée, laissait apercevoir des bouteilles vides sur les buffets, des serviettes au dos des chaises ; et parallèlement s’étendait une galerie, où des bâtons couleur d’or soutenaient un espalier de roses. En bas, dans la cour, deux garçons, les bras nus, frottaient un landau. Leur voix montait jusque-là, avec le bruit intermittent d’une étrille que l’on heurtait contre une pierre.
Le domestique revint. « Madame allait recevoir monsieur » ; et il lui fit traverser une deuxième antichambre, puis un grand salon, tendu de brocatelle jaune, avec des torsades dans les coins qui se rejoignaient sur le plafond et semblaient continuées par les rinceaux du lustre ayant la forme de câbles. On avait sans doute festoyé la nuit dernière. De la cendre de cigare était restée sur les consoles. |
281 |
II, 6 |
Rosanette chez le prince Tchernoukoff, 14 rue Grange-Batelière. |
281 |
II, 6 |
Enfin, il entra dans une espèce de boudoir qu’éclairaient confusément des vitraux de couleur. Des trèfles en bois découpé ornaient le dessus des portes ; derrière une balustrade, trois matelas de pourpre formaient divan, et le tuyau d’un narghilé de platine traînait dessus. La cheminée, au lieu de miroir, avait une étagère pyramidale, offrant sur ses gradins toute une collection de curiosités : de vieilles montres d’argent, des cornets de Bohême, des agrafes en pierreries, des boutons de jade, des émaux, des magots, une petite vierge byzantine à chape de vermeil ; et tout cela se fondait dans un crépuscule doré, avec la couleur bleuâtre du tapis, le reflet de nacre des tabourets, le ton fauve des murs couverts de cuir marron. Aux angles, sur des piédouches, des vases de bronze contenaient des touffes de fleurs qui alourdissaient l’atmosphère.
Rosanette parut, habillée d’une veste de satin rose, avec un pantalon de cachemire blanc, un collier de piastres, et une calotte rouge entourée d’une branche de jasmin. |
282 |
II, 6 |
Rosanette chez le prince Tchernoukoff, 14 rue Grange-Batelière. |
282 |
II, 6 |
Dussardier, trois jours d’avance, avait ciré
lui-même les pavés rouges de sa mansarde, battu le
fauteuil et épousseté la cheminée, où l’on voyait
sous un globe une pendule d’albâtre entre une
stalactite et un coco. Comme ses deux chandeliers
et son bougeoir n’étaient pas suffisants, il avait
emprunté au concierge deux flambeaux ; et ces cinq
luminaires brillaient sur la commode, que
recouvraient trois serviettes, afin de supporter
plus décemment des macarons, des biscuits, une
brioche et douze bouteilles de bière. En face,
contre la muraille tendue d’un papier jaune, une
petite bibliothèque en acajou contenait les Fables
de Lachambeaudie, les Mystères de Paris,
le Napoléon, de Norvins, — et, au milieu
de l’alcôve, souriait, dans un cadre de
palissandre, le visage de Béranger ! |
286 |
II, 6 |
La mansarde de
Dussardier. |
286 |
II, 6 |
Il
reconnaissait de loin sa maison, à un
chèvrefeuille énorme couvrant, d’un seul côté, les
planches du toit ; c’était une manière de chalet
suisse peint en rouge, avec un balcon extérieur.
Il y avait dans le jardin trois vieux
marronniers, et au milieu, sur un tertre, un
parasol en chaume que soutenait un tronc d’arbre.
Sous l’ardoise des murs, une grosse vigne mal
attachée pendait de place en place, comme un câble
pourri. La sonnette de la grille, un peu rude à
tirer, prolongeait son carillon, et on était
toujours longtemps avant de venir. Chaque fois, il
éprouvait une angoisse, une peur indéterminée. |
294 |
II, 6 |
Chez
Arnoux, vue de la maison louée à Auteuil. |
294 |
II, 6 |
Presque
toujours, ils se tenaient en plein air au haut de
l’escalier ; des cimes d’arbres jaunies par
l’automne se mamelonnaient devant eux, inégalement
jusqu’au bord du ciel pâle ; ou bien ils allaient
au bout de l’avenue, dans un pavillon ayant pour
tout meuble un canapé de toile grise. Des points
noirs tachaient la glace ; les murailles
exhalaient une odeur de moisi ; et ils restaient
là, causant d’eux-mêmes, des autres, de n’importe
quoi, avec ravissement. Quelquefois les rayons du
soleil, traversant la jalousie, tendaient
depuis le plafond jusque sur les dalles comme les
cordes d’une lyre, des brins de poussière
tourbillonnaient dans ces barres lumineuses. |
296 |
II, 6 |
Chez Arnoux dans la
maison louée à Auteuil : le pavillon. |
296 |
II, 6 |
Il se mit
donc en recherche, et, vers le milieu de la rue
Tronchet, il lut de loin, sur une enseigne : Appartements
meublés.
Le garçon, comprenant son intention, lui
montra tout de suite, à l’entresol, une chambre et
un cabinet avec deux sorties. Frédéric la retint
pour un mois et paya d’avance.
Puis il alla dans trois magasins acheter la
parfumerie la plus rare ; il se procura un morceau
de fausse guipure pour remplacer l’affreux
couvre-pieds de coton rouge, il choisit une paire
de pantoufles en satin bleu ; la crainte seule de
paraître grossier le modéra dans ses emplettes ;
il revint avec elles ; et plus dévotement que ceux
qui font des reposoirs, il changea les meubles de
place, drapa lui-même les rideaux, mit des
bruyères sur la cheminée, des violettes sur la
commode ; il aurait voulu paver la chambre tout en
or. « C’est demain », se disait-il, « oui,
demain ! je ne rêve pas ». Et il sentait battre
son cœur à grands coups sous le délire de son
espérance ; puis, quand tout fut prêt, il emporta
la clef dans sa poche, comme si le bonheur, qui
dormait là, avait pu s’en envoler. |
299-300 |
II, 6 |
Le
meublé pour recevoir Mme Arnoux, rue Tronchet. |
299-300 |
II, 6 |
Les
craintes de Rosanette n’étaient pas vaines ; il
fallut rendre les meubles et quitter le bel
appartement de la rue Drouot. Elle en prit un
autre, sur le boulevard Poissonnière, au
quatrième. Les curiosités de son ancien boudoir
furent suffisantes pour donner aux trois pièces un
air coquet. On eut des stores chinois, une tente
sur la terrasse, dans le salon un tapis de hasard
encore tout neuf, avec des poufs de soie rose.
Frédéric avait contribué largement à ces
acquisitions ; il éprouvait la joie d’un nouveau
marié qui possède enfin une maison à lui, une
femme à lui ; et, se plaisant là beaucoup, il
venait y coucher presque tous les soirs. |
335 |
III, 1 |
Chez Rosanette,
boulevard Poissonnière. |
335 |
III, 1 |
et il
avait une gradation de joies à passer
successivement par la grande porte, par la cour,
par l’antichambre, par les deux salons ; enfin, il
arrivait dans son boudoir, discret comme un
tombeau, tiède comme une alcôve, où l’on se
heurtait aux capitons des meubles parmi toutes
sortes d’objets çà et là : chiffonnières, écrans,
coupes et plateaux en laque, en écaille, en
ivoire, en malachite, bagatelles dispendieuses,
souvent renouvelées. Il y en avait de simples :
trois galets d’Étretat pour servir de
presse-papier, un bonnet de Frisonne suspendu à un
paravent chinois ; toutes ces choses
s’harmonisaient cependant ; on était même saisi
par la noblesse de l’ensemble, ce qui tenait
peut-être à la hauteur du plafond, à l’opulence
des portières et aux longues crépines de soie,
flottant sur les bâtons dorés des tabourets.
Elle était presque toujours sur une petite
causeuse, près de la jardinière garnissant
l’embrasure de la fenêtre. Assis au bord d’un gros
pouf à roulettes, il lui adressait les compliments
les plus justes possible ; et elle le regardait,
la tête un peu de côté, la bouche souriante. |
384-385 |
III, 3 |
Le
boudoir de Mme Dambreuse. |
384-385 |
III, 3 |
Frédéric
n’eut pas de mal à découvrir son établissement,
dont l’enseigne portait : « Aux arts gothiques.
— Restauration du culte. — Ornements d’église. —
Sculpture polychrome. — Encens des rois mages,
etc. »
Aux deux coins de la vitrine s’élevaient deux
statues en bois, bariolées d’or, de cinabre et
d’azur ; un saint Jean-Baptiste avec sa peau de
mouton, et une sainte Geneviève, des roses dans
son tablier et une quenouille sous son bras ; puis
des groupes en plâtre ; une bonne sœur instruisant
une petite fille, une mère à genoux près d’une
couchette, trois collégiens devant la sainte
table. Le plus joli était une manière de chalet
figurant l’intérieur de la crèche avec l’âne, le
bœuf et l’enfant Jésus étalé sur de la paille, de
la vraie paille. Du haut en bas des étagères, on
voyait des médailles à la douzaine, des chapelets
de toute espèce, des bénitiers en forme de
coquille, et les portraits des gloires
ecclésiastiques, parmi lesquelles
brillaient Mgr Affre et notre Saint-Père, tous
deux souriant. |
414 |
III, 4 |
Le commerce d’objets
religieux d’Arnoux, rue de Fleurus. |
414 |
III, 4 |
Regimbart,
étant l’intime de Mignot, pouvait peut-être
l’éclairer ? Et Frédéric se fit conduire chez lui,
à Montmartre, rue de l’Empereur.
Sa maison était flanquée d’un jardinet, clos
par une grille que bouchaient des plaques de fer.
Un perron de trois marches relevait la façade
blanche ; et en passant sur le trottoir, on
apercevait les deux pièces du rez-de-chaussée,
dont la première était un salon avec des robes
partout sur les meubles, et la seconde l’atelier
où se tenaient les ouvrières de Mme Regimbart. |
424 |
III, 5 |
La
maison de Regimbart, rue de L’Empereur. |
424 |
III, 5 |
Et
elle lui parla de l’endroit qu’elle habitait.
C’était une maison basse, à un seul étage,
avec un jardin rempli de buis énormes et une
double avenue de châtaigniers montant jusqu’au
haut de la colline, d’où l’on découvre la mer.
— Je vais m’asseoir là, sur un banc, que j’ai
appelé le banc Frédéric. |
438 |
III, 6 |
La maison des Arnoux en
Bretagne. |
438 |
III, 6 |
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