Gustave Flaubert — L'Éducation sentimentale [1869]
Troisième partie – Chapitre 6
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folio
81v
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478. |
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Onze heures sonnèrent. « — déjà » dit-elle, en tressaillant « au quart, je
m'en irai. »
regardait* toujours
Elle se rassit. Mais elle observait la pendule, & il continuait à marcher |
en fumant. |
Aucun des deux sans doute
tous deux, malgré leurs efforts, ne trouvait/aient rien à se dire. – Il y a
Da un moment, dans les séparations, où par anticipation de tristesse
la personne aimée n'est déjà plus avec nous. – Enfin qu
ayant
Enfin, quand l'aiguille eut dépassé vingt minutes, elle se leva
lentement prit son chapeau
résolument.
— Adieu, mon ami, mon cher ami ! Je ne vous reverrai jamais. C'était
ma dernière démarche de femme, mon âme ne vous quittera
pas. Que toutes les bénédictions du ciel soient sur vous » & elle
le baisa lentement, au front, comme une mère –
[ Elle tenait son chapeau de crêpe par les deux brides ] – Mais
Puis elle parut chercher qq chose – & lui demanda des ciseaux.
Alors Elle défit son peigne. tous ses cheveux blancs tombèrent.
s'en
Elle en coupa, brutalement à la racine, une longue mèche.
— « gardez les ! adieu ! »
Quand elle fut sortie, Frédéric ouvrit sa fenêtre. Me Arnoux
trottoir d'avancer
sur le fiacre , fit signe de s'avancer à un fiacre qui passait.
Elle monta dedans. La voiture disparut. – & puis, ce fut
tout.
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Danielle GIRARD |
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