LECTURE DE FANTAISIE

 

  Pour clore l'étude de Sylvie, nous vous proposons l'étude d'un poème qui, bien avant la rédaction de la nouvelle, en explorait déjà l'univers. Fantaisie prend en effet toute sa valeur à la lumière des thèmes et des formes qui gouvernent le récit de Nerval. Le poème les orchestre très tôt : publié en 1832 dans les Annales romantiques, il fit partie en 1834 du recueil Odelettes, dont Nerval déclarait qu'elles étaient inspirées de Ronsard.

 

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FANTAISIE

Il est un air pour qui je donnerais
Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber
1,
Un air très vieux, languissant et funèbre,
Qui pour moi seul a des charmes secrets.

Or, chaque fois que je viens à l'entendre,
De deux cents ans mon âme rajeunit :
C'est sous Louis treize ; et je crois voir s'étendre
Un coteau vert, que le couchant jaunit,

Puis un château de brique à coins de pierre,
Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs,
Ceint de grands parcs, avec une rivière,
Baignant ses pieds, qui coule entre des fleurs ;

Puis une dame, à sa haute fenêtre,
Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens,
Que, dans une autre existence peut-être,
J'ai déjà vue... - et dont je me souviens !

1. On prononce Wèbre.

 

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(Alain Cuny -
fichier mp3 1'08 - 468 ko) :