1- C'est le devoir de ceux qui ne sont pas engagés dans
une guerre de ne rien faire qui puisse renforcer la puissance de qui soutient
une mauvaise cause ou qui puisse entraver l'action de qui mène une juste
guerre. (Grotius, Le droit de la guerre et de la paix).
2- Observez donc, je vous prie, un phénomène bien digne de votre attention : c’est que le métier de la guerre, comme on pourrait le croire ou le craindre, si l’expérience ne nous instruisait pas, ne tend nullement à dégrader, à rendre féroce ou dur, au moins celui qui l’exerce : au contraire, il tend à le perfectionner. L’homme le plus honnête est ordinairement le militaire honnête, et, pour mon compte, j’ai toujours fait un cas particulier, comme je vous le disais dernièrement, du bon sens militaire. Je le préfère infiniment aux longs détours des gens d’affaires (Joseph de Maistre, Les Soirées de Saint-Pétersbourg).
3- Des esprits philanthropiques pourraient concevoir l’existence de quelque méthode artificielle pour désarmer ou terrasser un adversaire sans lui infliger trop de blessures, et voir dans cette idée la vraie tendance de la guerre. Quelques spécieuses qu’en soit l’apparence, il importe de détruire cette erreur ; car, dans une chose aussi dangereuse que l’est la guerre, ce sont précisément les erreurs résultant de la bonté d’âme qui sont les plus pernicieuses. (Clausewitz, De la guerre).
4- Salut à la guerre ! C'est par elle que l'homme à peine sorti de la boue qui lui sert de matrice, se pose dans sa majesté et dans sa vaillance ; c'est sur le corps d'un ennemi abattu qu'il fait son premier rêve de gloire et d'immortalité. (Proudhon, La guerre et la paix.)
5- La guerre est le coup de fouet qui empêche
une nation de s'endormir. (Taine, Les origines de la France contemporaine).
6- La guerre est l'esprit et la forme dans lesquels le moment essentiel de la substance éthique, c'est-à-dire l'absolue liberté de l'essence éthique autonome à l'égard de tout être déterminé, est présent dans l'effectivité et la confirmation de soi de la substance éthique. (Hegel, Phénoménologie de l’esprit).
7- La guerre en tant que situation où l’on s’attaque sérieusement à la vanité des choses et biens temporels, vanité qui n’est habituellement qu’un propos édifiant, la guerre est par là l’élément où l’idéalité du particulier obtient son droit et devient réalité ; - elle revêt une signification supérieure, car, comme je l’ai formulé ailleurs, par la guerre « se conserve la santé morale des peuples dans leur indifférence envers la sclérose des phénomènes finis, tout comme le mouvement des vents protège la mer contre la pourriture dans laquelle la plongerait un calme durable ; il en est de même des peuples subissant une paix durable, et surtout une paix perpétuelle. (Hegel, Philosophie du droit).
8- Prépare la guerre, et surtout montre de façon ostensible que tu y es constamment prêt ; dispose-toi à la guerre contre l’égoïsme social et l’égoïsme national. (Nietzsche, Humain, trop humain).
9- Heureux ceux qui sont morts dans une juste guerre (Péguy, Eve).
10- L"Italie sous les Borgia a connu 30 ans de terreur, de meurtres, de carnage...
Ça a donné Michel-Ange, de Vinci et la Renaissance.
La Suisse a connu la fraternité, 500 ans de démocratie et de paix. Et ça a donné quoi ?
Le coucou.
(réplique de Harry Lime - Orson Welles - dans Le troisième homme de Carol Reed, scénario de Graham Greene).
1- Pourquoi me tuez-vous ? - Eh quoi ? Ne demeurez-vous pas de l’autre côté de l’eau ? Mon ami, si vous demeuriez de ce côté je serais un assassin, cela serait injuste de vous tuer de la sorte ; mais puisque vous demeurez de l’autre côté, je suis un brave, et cela est juste. (Pascal, Pensées).
2- La guerre est un mal qui
déshonore le genre humain : si on pouvait ensevelir toutes
les histoires dans un éternel oubli, il faudrait cacher à
la postérité que des hommes ont été capables de tuer
d'autres hommes. Toutes les guerres sont civiles, car c'est
toujours l'homme contre l'homme, qui répand son propre
sang, qui déchire ses propres entrailles. Plus la guerre est
étendue, plus elle est funeste; donc celle des peuples qui
composent le genre humain est encore pire que celle des
familles qui troublent une nation. Il n'est donc permis de
faire la guerre que malgré soi, à la dernière extrémité,
pour repousser la violence de l'ennemi. (Fénelon, Dialogues des morts).
3- Tant que le caprice de quelques hommes fera loyalement égorger des milliers de nos frères, la partie du genre humain consacrée à l’héroïsme sera ce qu’il y a de plus affreux dans la nature entière. (Volaire, Dictionaire philosophique).
4- Les peuples, plus éclairés, se ressaisissant du droit de disposer d’eux-mêmes, de leur sang et de leurs richesses, apprendront peu à peu à regarder la guerre comme le fléau le plus funeste, comme le plus grand des crimes. (Condorcet, Esquisse d'un tableau des progrès de l'esprit humain).
5- Seule est en soi conforme au droit et moralement bonne la constitution d'un peuple qui est propre par sa nature à éviter selon des principes la guerre offensive; ce ne peut être que la constitution républicaine, théoriquement du moins - par suite propre à se placer dans les conditions qui écartent la guerre (source de tous les maux et de toute corruption des mœurs), et qui assurent de ce fait négativement le progrès du genre humain. (Kant, Projet de paix perpétuelle).
6- Il n’est point vrai que la terre soit avide de sang. La guerre est maudite de Dieu et des hommes même qui la font et qui ont d'elle une secrète horreur, et la terre ne crie au ciel que pour lui demander l’eau fraîche de ses fleuves et la rosée pure de ses nuées. (Alfred de Vigny, Servitude et grandeur militaires).
7- Je ne crois pas qu’il soit bon de déifier ainsi sans cesse la guerre, de surexciter ces bouillonnements déjà trop impétueux du sang français qu’on nous représente comme impatient de couler après une trêve de vingt-cinq ans, comme si la paix, qui est le bonheur et la gloire de notre monde, pouvait être la honte des nations. (Lamartine, Discours à propos de la translation des cendres de Napoléon).
8- Les rois s’entendent sur un seul point : éterniser la guerre. On croit qu’ils se querellent; pas du tout, ils s'entr'aiment. Il faut, je le répète, que le soldat ait sa raison d'être. Éterniser l'armée, c'est éterniser le despotisme; logique excellente, soit, et féroce. Les rois épuisent leur malade, le peuple, par le sang versé. Il y a une farouche fraternité des glaives, d’où résulte l’asservissement des hommes.
Donc, allons au but, que j'ai appelé quelque part la résorption du soldat dans le citoyen. Le jour où cette reprise de possession aura eu lieu, le jour où le peuple n'aura plus hors de lui l'homme de guerre, ce frère ennemi, le peuple se retrouvera un, entier, aimant, et la civilisation se nommera Harmonie. (Victor Hugo, Discours au congrès de la paix).
9- Les hommes de guerre sont les fléaux du monde. Nous luttons contre la nature, contre l'ignorance, contre les obstacles de toute sorte, pour rendre moins dure notre misérable vie. Des hommes, des bienfaiteurs, des savants usent leur existence à travailler, à chercher ce qui peut aider, ce qui peut secourir, ce qui peut soulager leurs frères. Ils vont, acharnés à leur besogne utile, entassant les découvertes, agrandissant l'esprit humain, élargissant la science, donnant chaque jour à l'intelligence une somme de savoir nouveau, donnant chaque jour à leur patrie du bien être, de l'aisance, de la force.
La guerre arrive. En six mois, les généraux ont détruit vingt ans d'efforts, de patience, de travail et de génie. (Maupassant, Sur l'eau).
10- La guerre est le fruit de la faiblesse des peuples et de leur stupidité. (Romain Rolland, Au-dessus de la mêlée).