Cette nuit à la belle étoile fait
réapparaître le charme obscur d'Adrienne qui attire dans ses profondeurs ("sente
profonde"). La mythologie grecque s'efface au profit des mythes celtiques
("roches druidiques"), la lune triomphe à nouveau, et la brume et les nuages.
Il est significatif qu'avec le jour réapparaisse la géographie rassurante
des lieux et le charme de Sylvie qui dissipe toute volonté d'aller plus avant dans la
quête d'Adrienne, comme s'il s'agissait d'une "profanation". Avec Sylvie
revient le poids rassurant du présent et du décor : motif harmonieux et récurrent
du pampre où s'entremêlent les roses grimpantes, charme simple des dentellières.
Sylvie, enjouée, moqueuse, semble néanmoins si loin des rêveries du narrateur et de ses
fantasmes ("l'innocence et la joie éclataient dans ses yeux"). Elle témoigne
même d'une charmante naïveté (Rousseau comparé à Auguste Lafontaine). L'amour
impossible, que l'insatisfaction du réel transforme en postulation mentale en l'épurant
de la souffrance, trouve souvent la douceur d'un amour simple et terrestre pour un être
naïf que son ignorance de toute élévation sentimentale finit par provisoirement élire.
Sylvie joue ce rôle, alliée au charme tendre des fleurs simples, aux églogues
champêtres qui appellent le souvenir de Rousseau.