Ce chapitre commence par un
adieu. Le détour par Montagny-Mortefontaine confronte le narrateur à un passé figé
dans sa mort, comme emprisonné dans un sarcophage ("tout était dans le même état
qu'autrefois, seulement il fallut aller chez le fermier pour avoir la clef de la
porte".) Restes d'un jardin d'enfant, meubles empoussiérés, chien empaillé d'une
"race perdue", vieux livres et débris antiques, tout marque la mort ou est
marqué par elle. Le vieux perroquet, seul survivant, a l'il muet et narquois d'un
patriarche sans mémoire.
La promenade à Ermenonville dissipe un peu la mélancolie du narrateur, tant
elle est marquée par la sagesse antique. Malgré ses dangers ("je risquais de me
perdre"), l'itinéraire rassemble les souvenirs d'un XVIII° siècle épris
d'Antiquité. Il faut noter à cet égard la solidité des colonnes du Temple de la
Philosophie, l'hymne à la connaissance et à la sagesse éternelles, et cette étonnante
invocation à Rousseau où celui-ci devient le sage "solaire" distribuant le
"lait des forts".
Mais cette promenade est aussi une confrontation avec le passé et
l'occasion d'en mesurer l'éloignement et la mort. C'est à nouveau Sylvie qui avive le
regret de l'enfance sauvage et gaie, de la vie sage et simple à jamais inaccessible, et
chasse "l'air perfide" qui entoure à jamais les pelouses et les châteaux.