Gustave Flaubert — L'Éducation sentimentale [1869]
Première partie – Chapitre 1 – " Ce fut comme une apparition "
— Transcription du
folio 599_58r
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7. |
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Elle avait un large chapeau de paille, avec des rubans roses qui palpitaient
au vent, derrière elle. Ses bandeaux noirs, contournant la pointe de ses
gds sourcils, descendaient très bas et semblaient presser amoureusement
l’ovale de sa figure. Sa robe de mousseline claire, tachetée de petits
s’épandait le bout de
points, se répandait à plis nombreux. [Sous le dernier volant, en bas son
pied avançait dans une fine bottine de couleur puce.] Elle était en
train de broder quelque chose, - & son nez droit, son menton
toute sa personne se découpait sur le fond de l’air bleu. |
Cependant |
rien et
Il n’aurait pu dire cependant aucun détail de son costume ou de
tant il ……….. [illis.]………………………….. plein d’ |
tant il était perdu dans |
de son visage…….[illis.]….« qu’elle est belle » s’attendait avec angoisse
tant il était absorbé par la Cependant il
perdu
qu’elle tournât les yeux vers lui. & après avoir
ne changeait pas d’attitude puis, ayant |
mais
Puis ayant |
Comme elle restait dans la même attitude, il se leva ; - & après avoir
minutes mieux
marché quelque temps pour dissimuler sa manœuvre, il revint du
posée contre le
même côté, à trois pas de son ombrelle tenue dans la clairvoie
tenue dans la clairvoie |
posée contre le |
du alors et il
du banc. & il resta debout affectant affectait d’observer au loin,une chaloupe
sur la rivière.
Mais à ses côtés
Mais en se trouvant si près d’elle, le cœur lui battit d’une émotion
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inconnue. Jamais il n’avait vu cette splendeur de sa peau brune
ni
[un peu ambrée sur les tempes,] ni la séduction de sa taille, avec cette
finesse des doigts que la lumière traversait. [C’était pr lui comme
s’il n’eût pas rencontré de femmes jusqu’à présent.] Sa rêverie
dans
béante se perdait sur les moires de sa ceinture, entre les dents
les chainons d’or autour de
de son peigne, sur la chainette qui attachaient un médaillon d’or à
contemplait
son poignet.] Il considérait son panier à ouvrage avec ébahissement
près d’elle
comme une chose extraordinaire.
[Bien qu’il la regardât du coin des paupières, il avait peur de lui
paraître grossier et de temps à autres il détournait la tête.] |
foulard
jaune, se présenta en |
coiffée d’un madras & qui le
Une négresse coiffée d’un madras et qui portait sur son bras une
petite fille déjà grande, arriva près d’elle. L’enfant dont les
yeux clairs roulaient encore des larmes venait de s’éveiller. Elle
la prit sur ses genoux. [Alors il entendit sa voix – une voix
légèrement sourde avec des modulations qui étaient pleines de
douceur] flattant
& elle la grondait doucement tout en caressant
fille tout tout
Elle grondait la petite tout en caressant d’une main ses jolis
cheveux noirs bouclés. « Mademoiselle n’était pas sage, quoiqu’elle
pardonnait
eût sept ans bientôt. On lui passait trop tous ses caprices,
se délectait à
sa mère ne l’aimerait plus » - & Frédéric surprenait avec
entendre ces choses-là rare
joie ses paroles, comme s’il eût fait une découverte, une
acquisition. |
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Danielle Girard – Anne Perthuis-Lejeune – Philippe Lavergne |
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