poser
une problématique
La problématique est la question que soulève un sujet. C’est elle qui va
présider à l’organisation du plan de l'argumentation, puisque toute question
posée nettement appelle les différentes étapes de sa résolution. Pour la
dégager, soyez attentif aux
mots importants de la
citation et/ou du libellé (procédez à une véritable explication de ces termes,
notamment en explorant le champ des implicites, c'est-à-dire de ce qui n'est
pas formulé). Ayez ainsi toujours à l’esprit
la question : « Pourquoi me pose-t-on un tel sujet ? ». Dans un second temps,
réfléchissez aux
domaines d'application
concernés par le sujet : c'est cette démarche qui vous fera penser aux
arguments et aux exemples utilisables.
Vous pourrez de cette manière cerner de plus près l'intention qui a présidé à
la constitution de l'épreuve et satisfaire au vœu des correcteurs : une copie
capable de dégager un problème, de le résoudre en étapes successives et de parvenir à une
réponse nette.
Exercice 1
:
Repérez et expliquez les implicites dans les sujets suivants. Posez la
problématique.
1. « On ne devrait lire, disait Kafka, que des livres qui vous mordent et vous
piquent... Un livre doit être la hache qui brise la mer gelée en nous. »
2. Léon Schwarzenberg, professeur de médecine, a écrit : « Un pays dans lequel
n’existe plus, le soir, une chambre dans laquelle un enfant apprend le grec ou
le violon, est un pays perdu. »
3. « Aujourd'hui, nous recevons trois éducations différentes ou contraires :
celle de nos pères, celle de nos maîtres et celle du monde. Ce qu'on nous dit
dans la dernière renverse toutes les idées des premières. » (Montesquieu,
L'Esprit des lois, 1748).
Pensez-vous que cette réflexion de Montesquieu s'applique à notre époque ?
4. Un personnage médiocre peut-il être un héros de roman ?
Exercice 2
: Choisissez la problématique qui vous paraît convenir
(A, B ou C).
1. Commentez ce propos par lequel Romain Rolland définit le lien entre la
lecture et la connaissance de soi : « On ne lit jamais un livre. On se lit à
travers les livres, soit pour se découvrir, soit pour se contrôler. »
A – Lit-on un livre pour simplement se distraire ?
B - La lecture conduit-elle à la découverte de soi ?
C - Lit-on pour se découvrit ou pour se contrôler ?
2. « Je ne chante pas pour passer le temps », écrit
Jean Ferrat. Vous vous
demanderez si les chansons que vous connaissez répondent à l'intention que
proclame ici le chanteur poète.
A - Pourquoi chante-t-on ?
B - Les chansons représentent-elles un divertissement sans importance ?
C – La chanson convient-elle à l’engagement politique ?
3. « Le théâtre nous est maintenant accessible sous la forme du film; les
théâtres sont donc inutiles. » Discutez cette affirmation.
A – Que valent les pièces de théâtre filmées ?
B - Le théâtre pouvant être filmé, les salles de théâtre n'ont-elles plus de
raison d'exister ?
C – Le théâtre est-il un genre spécifique par rapport au cinéma ?
4. Commentez cette pensée d’Auguste Lumière : « La grande plaie de
l'humanité, c'est le conformisme. »
A - Être humain, est-ce inventer ses propres lois ?
B - Qu'est-ce que le conformisme ?
C - Est-il exact que le conformisme soit le seul fléau de l'humanité ?
5. Discutez cette
affirmation de Théophile Gautier: « Rien de ce qui est beau n'est
indispensable à la vie. On supprimerait les fleurs, le monde n'en souffrirait
pas matériellement.»
A - Est-il exact que la beauté n'est pas nécessaire ?
B - A quoi sert la beauté ?
C - Faut-il supprimer la beauté ?
6. Jacques Lacarrière affirme que « les gens ne s'intéressent pas aux héros
heureux. ».
A - Qu'est-ce qu'un héros ?
B - Le bonheur des héros suscite-t-il un intérêt ?
C – Les gens préfèrent-ils les situations pathétiques ?
Exercice 3 : On vous donne la problématique. Cherchez, parmi les sujets proposés, lequel
correspond à cette problématique et expliquez votre choix
(A, B ou C).
1. Est-il exact que la télévision ne nous permet pas de réfléchir, alors même
quelle nous apporte des sujets pour cela ?
A - La télévision ne nous offre guère de sujets de réflexion.
B - La télévision, quels que soient ses efforts pour contribuer à la culture,
pâtit de ses conditions de diffusion.
C - La télévision traite superficiellement les sujets qu'elle aborde.
2. La réflexion individuelle, sur le monde extérieur et sur soi, définit-elle
la véritable culture ?
A – Il convient, dans tous les actes de la vie, de s'intéresser au reste du
monde.
B - L'homme, même s'il n'est pas cultivé, peut mener à bien une réflexion
individuelle.
C - La vraie culture, c'est la réflexion individuelle, sur les faits, les gens
et sur soi-même surtout.
3. Le critère de la bonne littérature est-il de correspondre aux mentalités de
son époque ?
A – Les chefs-d’œuvre du passé sont bons pour le passé ; ils ne sont pas bons
pour nous.
B – Le véritable écrivain est celui qui s’engage dans les problèmes de son
temps.
C – Faute d’être comprises, les œuvres du passé méritent de rester dans
l’oubli.
Exercice 4 : Quels sont les domaines d'application
concernés par les sujets suivants
(A, B, C)
? Vous trouverez ci-dessous une liste
désordonnée d'arguments et d'exemples :
- rendez son exemple à chaque argument
- déterminez ceux qui
s'opposent
- choisissez ceux qui vous paraissent pertinents pour le traitement de chaque sujet proposé.
A. « Même si l'avenir « meilleur pour tous
» n'est pas aussi prochain que nous le voudrions, un nombre croissant d'hommes
savent que leur sort peut s'améliorer et, du coup, ils cessent d'être
résignés. Ils veulent se battre pour plus de justice et d'humanité. Et, tout
compte fait, c'est cela le progrès.»
B. « Ce
monde, caractérisé par l'expansion vertigineuse des sciences et des
techniques, est si différent de celui où nous avons puisé nos règles de
pensée, que l'angoisse nous saisit parfois.»
C. «
L'histoire se faisait autrefois dans le bruit des bottes et des fusillades,
des massacres, dans les cris souvent implacablement étouffés des victimes.
Convenons-en, c'est tout autrement que s'opèrent aujourd'hui les mutations et
réformes de structure.»
[*citations extraites de Après-demain (1967) de
Pierre Mendès-France.]
1. La crise
économique compromet la participation harmonieuse des citoyens à la vie
publique.
2. Par la réalité très crue des campagnes prophylactiques auxquelles il
nous contraint, le Sida a jeté la méfiance sur l'amour.
3. Les gens sont plus que jamais capables d'élans de solidarité.
4. Les banlieues sont devenues des ghettos explosifs.
5. Les traditions et les croyances jadis impératives se sont largement
libéralisées.
6. L'ex-Yougoslavie a payé tragiquement les frais d'une accession
fulgurante et non contrôlée à la démocratie.
7. La mondialisation rapproche incontestablement les peuples.
8. La jeunesse est assaillie aujourd'hui par de nouvelles terreurs.
9. Les moyens de communication ont décuplé les échanges et les
occasions de se cultiver.
10. Combien de ceux qui ont donné pour le Téléthon sont capables d'un
geste généreux pour le clochard qu'ils croisent sur le trottoir ?
11. Les campagnes télévisées en faveur de certains malades sont chaque
année couronnées de succès.
12. Les grands médias contribuent à conditionner les individus.
13. La jeunesse actuelle est sans doute plus mûre et responsable que ne
l'étaient ses aînés.
14. La démocratie a fait des progrès considérables dans le monde.
15. Tous les idéaux auxquels accédait jadis la jeunesse se sont
effondrés.
16. Au sein d'une ville ou même d'un quartier, les collectivités
locales et les associations sont de plus en plus nombreuses.
17. On assiste aujourd'hui à un nivellement général des cultures et des
systèmes politiques.
18. La ville s'est organisée selon les clivages sociaux.
19. Les sociétés évoluent vers davantage de bien-être.
20. Le chômage exclut de plus en plus de gens de la société.
21. La carte politique se redessine souvent dans le drame.
22. Le mariage n'est plus une institution obligatoire et les mères
célibataires ne sont plus mal vues comme autrefois.
23. On voit les jeunes prendre en mains leur avenir et capables de
lutter efficacement par la grève ou les manifestations de solidarité.
24. Une multinationale crée des emplois et contribue à répandre des
modes de vie qui sont communs à bien des pays.
25. Les citoyens ont acquis davantage de droits et de pouvoirs.
26. Certains élans de solidarité restent sans lendemain.
27. Les Indiens Jivaros ou Nambikwara sont réduits aujourd'hui à
quelques spécimens réservés aux touristes ou aux ethnologues.
28. Le bloc communiste s'est écroulé, rendant leur liberté aux
républiques étouffées par le stalinisme.
29. La télévision est une fenêtre ouverte sur tous les aspects du monde
et elle est, alliée au magnétoscope ou au lecteur DVD, le moyen privilégié d'une
culture personnelle.
30. Les famines ont disparu dans presque tous les
continents.
31. Les jeunes se rabattent faute de mieux sur des sectes douteuses.
32. La télévision n'est plus qu'un écran publicitaire où l'émission
culturelle, faute d'audience, a pratiquement disparu.
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